Page 80 - Ihedate - l'annuel 2016 (N°2)
P. 80
LE SILO D’ARENC, SYMBOLE DU PATRIMOINE INDUSTRIEL DE MARSEILLE, ACCUEILLE DÉSORMAIS DES ENTREPRISES.
© Sophie Knapp
Quels retours avez-vous eu
des auditeurs ?
Je suis toujours frappé mais plus vraiment étonné des commentaires que j’entends lors de la découverte de l’opération : les visiteurs s’attendent à arpenter une ville délabrée et ils ont la surprise de découvrir une ville changée, des bâtiments patrimoniaux remarquables, des tours de grande hauteur, un quartier d’affaires, des musées, un tramway... Les réussites de l’opération se donnent à voir sans complexe, attestant du chemin parcouru. Marseille est trop souvent réduite à une réputation sulfureuse, à de noires images d’Epinal, le tout saupoudré d’une bonne dose d’exagération alimentée par la presse et, parfois, par les Marseillais eux-mêmes.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, Marseille a été durement touchée par la mutation de son appareil industriel et portuaire, avec pour corollaire la disparition de nombreux emplois et l’accentuation des phénomènes d’exclusion sociale. En 1995, au plus fort de la
crise (la ville avait perdu en vingt ans près de 50 000 emplois, 150 000 habitants et affichait un taux de chômage de 22% contre 11% au plan national), les collectivités locales et l’Etat se sont associés pour créer l’Opération Euromé- diterranée, dotée du statut d’Opération d’Intérêt National, et ainsi apporter une réponse collective capable d’enrayer cette spirale et imprimer à l’ensemble du territoire une dynamique nouvelle d’attractivité, de développement économique, social et culturel.
Les discussions avec les auditeurs de l’IHEDATE ont surtout porté sur la capacité d’une opération d’aménagement à impulser et à porter un changement urbain profond dans un contexte complexe. Une telle opération contribue à l’amélioration du cadre urbain et économique du territoire, en bâtissant un cœur de métropole attractif, des logements, des espaces publics de qualité... Elle porte l’étendard du renouveau de Marseille mais ne peut, à elle seule, répondre à toutes les attentes ou résoudre tous les dysfonctionnements du territoire : elle reste une opération d’aménagement conduite par un EPA comme il en existe beaucoup en France, bien que sa réussite soit un marqueur pour le territoire métropolitain.
Comment faire adhérer la population
à un projet aussi complexe ?
La réussite d’Euroméditerranée a déjoué tous les pronostics d’échec : le pacte entre l’Etat et les collectivités ne s’est jamais désuni, garantissant un développement ininterrompu de l’opération. Mais les opérations d’aména- gement et de développement comme la nôtre se déroulent sur un temps long, dix ans au minimum. Durant de longues périodes, la vie des habitants et des usagers est impactée de manière négative. Les bouleversements
80