Page 19 - IHEDATE - L'annuel 2017
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Les territoires et le monde
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naturelle, et dans les prochaines décennies aux bouleversements climatiques, est une forme de contrainte qui n’est pas reconnue à ce jour par la Convention de Genève.
La lecture de ce petit ouvrage, à travers 50 questions qui traversent souvent l’espace politique et médiatique, permet de mettre à mal les idées reçues et de repen- ser les migrations loin des idéolo- gies bruyantes qui réussissent à projeter des images fausses. Les femmes migrent-elles moins que les hommes ? Les migrants veulent-ils tous s’installer dé ni- tivement en Europe ? Le modèle d’intégration français fonctionne- t-il ? L’immigration coûte-t-elle cher ?
Le livre s’achève sur cette question centrale : les migrations sont-elles une chance ou un drame ? Le politiste François Gemenne y répond par une autre question qu’il entendait souvent lorsqu’il était adolescent : Internet, une chance ou un drame ? Ni l’un ni l’autre car la question n’en est plus une depuis longtemps déjà. Penser les migra- tions comme une anomalie, voire un drame, c’est s’empêcher de penser à un projet politique durable qui donnerait à voir la migration comme une réalité structurelle. Mais aussi comme un dé  socié- tal permettant de «dépasser la frontière entre «eux» et «nous», et de reconnaître les migrants «comme une partie intégrante de nous-mêmes ».
L’ENQUÊTE
« TRAJECTOIRES ET ORIGINES »
En 2014, on comptait en France 7,6 millions de personnes nées à l’étranger. Au sein de cet ensemble, 1,7 million sont nées avec la nationalité française, au moins un de leurs deux parents étant français, et 5,9 millions sont nées de nationalité étrangère et sont donc immigrées(8,9% de la population résidant en France). Parmi les immigrés, 2,3 millions ont acquis la nationalité française.
Nés en France, les descendants directs d’immigrés (ayant au moins un parent immigré) étaient en 2008 environ 6,7 millions. Cette «deuxième génération» est donc désormais plus nombreuse que la première au sein de la population.
L’enquête «Trajectoires et origines» (TeO) a été réalisée par l’Institut national des études démographiques (Ined) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), sous la direction de Cris Beauchemin, Christelle Hamel et Patrick Simon. La collecte auprès de 22000 répondants en France métropolitaine s’est déroulée en 2008 et 2009. L’enquête TeO a permis d’identi er l’impact des origines sur les conditions de vie et les trajectoires sociales des personnes. À une époque où les questions d’intégration et de discrimination occupent une place centrale dans les débats publics, sa rigueur et son exhaustivité permettent de montrer un visage plus juste de la France multiculturelle.
L’enquête TeO montre que la population des immigrés et de leurs descendants est inégalement répartie sur le territoire. En effet, la population quali ée de majoritaire représente 76% des 18-50 ans sur l’ensemble de la France métropolitaine, mais seulement 25% dans le département de la Seine-Saint-Denis.
PART DES IMMIGRÉS DANS LA POPULATION MÉTROPOLITAINE
EN 2008-2009 (18-50 ANS)
Immigrés
dont arrivés adultes
arrivés enfants
dont parents immigrés
parents mixtes
Originaires des DOM
Population majoritaire
France métropolitaine
10%
4%
6%
12%
6%
6%
2%
76%
Île-de-France
21%
14%
7%
18%
11%
7%
4%
58%
Seine-Saint-Denis
39%
25%
14%
Descendants d’immigrés
28%
20%
8%
8%
25%
Population majoritaire : désigne l’ensemble des personnes, numériquement les plus nombreuses, qui résident en France métropolitaine et qui ne sont ni immigrées, ni natives d’un DOM,
ni descendantes de personne(s) immigrée(s) ou native(s) d’un DOM.


































































































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