Page 63 - IHEDATE - L'annuel 2017
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Les territoires et le monde
il n’existe toujours pas de crimes fédéraux. Il devrait y avoir un procureur européen avec une force de police européenne. Nous n’avons pas de renseignements extérieurs européens, à l’image de la CIA. Et c’est la même chose pour l’immigration. Les États ne veulent pas partager.
Donc même si ce qui a déjà été fait au niveau européen est fantastique, c’est encore extrê- mement limité, contrairement à ce que disent les europhobes.
Quelle est la place de la démocratie,
60 ans après la création de l’Europe ?
Je crois que le moment du contrôle démocratique est venu. Je ne propose pas une révolution, mais un certain nombre de réformes. Le Conseil européen devrait être supprimé. Mais ce sera dif cile parce que les chefs d’État et de gouver-
nement ont le contrôle de l’Union européenne e
et qu’ils ne veulent pas le lâcher. Et la France a a
un problème supplémentaire, c’est qu’elle n’est t
pas une démocratie. Je m’explique : les Français s
ont le sentiment que tout est décidé à Bruxelles s
sans qu’ils comprennent par qui, pourquoi et t
comment. Mais il y a une grande différence entre e
la France et les autres pays européens. Quand d
, ,
elle va d’abord devant son Parlement pour r
donner l’ordre du jour et la politique qu’elle va a
défendre. Elle demande à son Parlement s’il est t
d’accord et il y a un vote. Et quand elle rentre de e
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démocratie. En France, le Président de la République considère que la politique étrangère et la politique européenne font partie de son domaine réservé. Donc qui décide de la politique européenne pendant cinq ans ? Le Président et son Conseiller pour les affaires européennes. Le Président ne va pas devant son Parlement pour lui soumettre la politique qu’il va défendre à Bruxelles ou rendre compte de ce qui a été décidé car il n’en a pas le droit. C’est le Premier ministre - qui ne va jamais à Bruxelles - qui rend compte devant le Parlement de ce qui a été décidé lors d’un Conseil auquel il n’a pas assisté. Contrairement aux autres pays, nous avons organisé l’absence de contrôle. Les Français ont une perception fausse, celle d’un dé cit démocratique européen. La réalité, c’est qu’il y a un dé cit démocratique français.
la chancelière allemande vient à Bruxelles s
Bruxelles, elle retourne devant son Parlemen
pour exposer ce qui a été décidé et s’assurer r
qu’il est d’accord. C’est ce que j’appelle la a
LES SALAUDS DE L’EUROPE. GUIDE À L’USAGE DES EUROSCEPTIQUES, JEAN QUATREMER, CALMANN-LÉVY, 2017.
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