Page 19 - IHEDATE l'annuel 2015
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Pour Noémie de Grenier, Coopaname arrive au bon moment, alors qu’on assiste à l’émergence de nouvelles formes de travail, à des transfor- mations profondes du salariat, à une diver- sification des activités et à un morcellement des parcours qui oblige à penser autrement le travail. Autrement, mais ensemble, répète Noémie de Grenier : «Le fait d’être de plus en plus nombreux nous permet d’avoir du poids, de pouvoir peser dans les négociations sociales, d’être légitimes pour conquérir de nouveaux droits. Par exemple pour peser vis-à-vis d’un partenaire comme une mutuelle de santé. Nous sommes porteurs de la voix des travailleurs autonomes au niveau institutionnel et dans la société, même si nous sommes encore confidentiels ».
500 MÉTIERS
POUR UNE ENTREPRISE D’UN NOUVEAU GENRE
Des entreprises et des territoires I19
La coopérative propose aussi de nombreux ateliers pour apprendre à se développer. Car Vincent David le rappelle : « Je suis salarié, mais je suis seul responsable de mon développe- ment. Coopaname ne s’occupe pas de me trouver des clients . Chacun se débrouille seul ». ... / ...
A présent, on a des gens qui veulent simplement mettre en valeur leur savoir-faire, leurs compétences, et travailler de manière autonome. Et pouvoir en vivre.
Sur le site de Coopaname, le ton est donné : « Une coopérative d’activités et d’emploi, c’est une auberge espagnole !» Pour qui se penche sur les métiers exercés par les Coopanamiennes et les Coopanamiens, il y a de quoi être surpris par la diversité des multiples savoir-faire réunis dans une seule et même entreprise : un concepteur de mobilier urbain, un professeur de portugais, une créatrice de chaussures bio, une journaliste, un graphiste, une consultante en ressources humaines, un dépanneur informatique, une brodeuse, un coach, une coiffeuse, la liste se déroule et accueille une diversité qui fait la richesse de Coopaname. 500 activités économiques s’y côtoient au sein de cette entreprise partagée. La coopérative organise chaque mois des réunions d’information dans ses six établissements implantés en région Ile-de-France et au Mans. Il suffit de s’inscrire sur le site Internet
pour découvrir ce projet entrepreunarial collectif visant à mutualiser et à construire une entreprise d’un nouveau type, « socialement exigeante et économiquement efficace». Dans cette coopérative ouvrière de production, tout le monde est le bienvenu, ou presque. Coopaname ne peut pas accueillir les professions réglementées tels que médecin, avocat, architecte. Et ne veut pas accueillir les projets contraires aux valeurs de l’économie sociale, tels ceux qui permettent de s’enrichir sur la misère ou l’exploitation des autres. Pour les nouveaux arrivants, dès les premières facturations, un CDI est signé entre Coopaname et le salarié. Ce dernier bénéficie de la protection sociale et des mêmes droits que tout salarié.
Il doit reverser 11,5% de son chiffre d’affaires à la coopérative pour financer l’administration, la comptabilité, la facturation, le service juridique ou encore les déclarations fiscales et sociales. Et s’il souhaite quitter Coopaname, il peut le faire à tout moment. Une souplesse et une transparence qui attirent de plus en plus de femmes et d’hommes à la recherche d’une alternative à l’entreprise classique et d’une nouvelle façon de concevoir le travail.