Page 22 - IHEDATE l'annuel 2015
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LA MARQUE DE CHAUSSURES « MADE IN ROMANS » ET SON ATELIER ONT ÉTÉ LANCÉS EN 2010 PAR LE GROUPE ARCHER.
Comment a débuté l’aventure
du groupe Archer ?
Archer a démarré en 1987. Des gens se sont regroupés en réaction à l’arrêt brutal de la mono- industrie à Romans-sur-Isère qui a entraîné beaucoup de pauvreté et de chômage. D’autant qu’à cette époque, le RMI n’existait pas.
C’est Martin Gray, l’auteur du livre «Au nom de tous les miens», qui a fédéré les chefs d’entreprise, les élus, tous les acteurs locaux. Cela a démarré avec un projet interpartenarial. Le groupe Archer a monté un dispositif qui pourrait s’apparenter à une mission locale pour adultes. Cela s’adressait surtout aux femmes et aux hommes qui sortaient des usines de chaussures. Et quand le dispositif RMI est arrivé en 1988, c’est le groupe Archer qui l’a géré pour le département.
Il s’agit de construire une société où nous pouvons tous vivre ensemble.
Comment votre mission a-t-elle évolué ?
Dans les années 1990, le groupe Archer s’est scindé en deux, avec d’un côté une branche qui a continué à gérer le RMI puis le RSA, et de l’autre une branche qui s’est s’occupée de l’insertion par le biais de l’activité économique.
Cette branche a créé des entreprises d’insertion parce que nous avons très vite compris que ce qui manquait le plus sur notre territoire, c’était de l’activité. A quoi bon mettre en place des dispositifs d’accompagnement des chômeurs ou de formation s’il n’y a pas d’emploi ?
Pourquoi ce changement d’orientation ?
Le danger, quand la quasi-totalité des politiques publiques de lutte contre le chômage propose uniquement de l’accompagnement ou de la formation, c’est de considérer « en creux » que les problèmes de chômage relèvent uniquement de la responsabilité individuelle des chômeurs qui ne seraient pas assez performants.
Chez Archer, nous pensons que le problème du chômage, c’est aussi un problème de respon- sabilité collective. Malgré toutes les richesses économiques accumulées dans notre pays, notre organisation sociale et économique a créé une grande pauvreté et le chômage de masse.
Quand on est une structure d’insertion et qu’on prend conscience qu’on prépare des chômeurs à des emplois qui n’existent pas, soit on change de boulot, soit on change sa façon de travailler. Cela oblige à repenser son action. Nous en avions assez de parler d’insérer les gens parce qu’il s’agit plutôt de construire une société où nous pouvons tous vivre ensemble.
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© Eric d'Hérouville


































































































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