Page 3 - IHEDATE l'annuel 2015
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Des entreprises et des territoires I3
Il est vrai que le développement de l’économie de la donnée a, en quelques années, pris tout le monde de court. Comme le fait remarquer Nicolas Collin, la troisième révolution industrielle n’est pas celle du numérique au sens propre, c’est celle de la capacité à utiliser les milliards de données que nous offrons, quotidienne- ment, aux réseaux, pour traquer nos goûts, nos comportements et ajuster en permanence les offres commerciales, les nouveaux produits et les nouveaux modèles de gestion.
Il est vrai que le transport maritime continue, malgré la crise, à croître et embellir, permettant ce que Pierre Veltz appelle «la mondialisation à grain fin», autrement dit le subtil découpage des chaînes de production en raison des coûts salariaux et fiscaux des différents pays.
Il est vrai aussi que les travaux de Laurent Davezies confirment, en France, une concentration de la création d’activités et de richesses dans quelques grandes villes, alors que, depuis 2008, le reste du territoire perd des emplois.
Pour autant, ce modèle n’est pas reçu de la même manière partout, et dans tous les pays.
L’Italie et l’Allemagne ont, chacun, construit depuis longtemps un modèle de villes indus- trielles ou industrieuses, de taille moyenne au regard des métropoles, où l’on trouve des capacités de production matérielle, de recherche et de formation, de design et de création de nouveaux services. Ces villes reposent sur des alliances conclues de longue date entre les différentes parties-prenantes (détenteurs du capital, salariés, chercheurs, politiques) qui constituent des milieux locaux solides et agiles, capables de produire des objets de qualité et de s’adapter aux évolutions des technologies, de la concurrence et de la demande.
Le modèle métropolitain, ou celui de l’entreprise multinationale géante ou encore celui du champion national à la française n’est pas universel, et ne rend compte ni de la persistance d’entreprises qui n’entrent pas nécessairement dans ces normes, ni de la diversité des relations existantes entre territoires et entreprises.
L’industriedunorddelaFranceaétéportéepar un patronat très impliqué dans la production d’équipements et de services collectifs. Cet engagement n’a pas empêché ces grands noms d’aller chercher ailleurs des coûts de production moins élevés. Mais il maintient actif leur souci de développement territorial, en relation intense avec les acteurs sociaux et politiques du territoire. Le « comité grand Lille » a été à l’origine de nombreuses initiatives comme la mobilisation en faveur des Jeux olympiques à Lille. Il est désormais, avec la chambre de commerce et d’industrie de la métropole lilloise, en pointe pour mettre en œuvre les propositions (évidem- ment controversées) de Jeremy Rifkin au nom de la troisième révolution industrielle.
LES CHAUSSURES « MADE IN ROMANS » A ROMANS-SUR-ISÈRE
© Sophie Knapp


































































































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