Page 48 - IHEDATE l'annuel 2015
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Elle est vécue comme exogène. Pourtant, au regard de la crise des politiques publiques, il va falloir trouver une nouvelle alliance entre les entreprises et les collectivités territoriales. Et c’est à travers la ressource territoriale qu’on va pouvoir trouver cette nouvelle alliance. Quand je parle de ressource, je ne parle pas d’une ressource qu’on peut prélever sur un territoire. Parce que cette logique amène les aménageurs à penser qu’il y a des régions qui sont dotées et des régions qui ne le sont pas. Par exemple la Champagne-Ardenne, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse dans ce coin-là ? Il y aurait des zones privilégiées et d’autres qui ne le seraient pas. Cette perception pose un problème. Dans la perspective des ressources territoriales, il n’y a pas de territoire condamné à l’avance.
Pouvez-vous me donner un exemple ?
J’utilise souvent l’exemple d’un projet de Parc Régional Naturel dans le sud de la Drôme. Dans une réunion, une personne s’était exclamée : « Que voulez-vous qu’on valorise dans notre coin ? On n’a rien. » Je lui ai répondu en forme de provo- cation : « Vous n’avez rien ? Parfait, vendez-le ! » Peut-être que leur «rien», c’est justement leur ressource. Cela dépend de la façon de regarder le territoire. Un lieu très bien équipé, avec des routes secondaires en bon état, avec du service public dans les petites villes et les villages, situé entre la nébuleuse urbaine lyonnaise et la nébuleuse urbaine marseillaise, peut donner envie. Et j’ai ajouté lors de cette réunion : « Si c’est le silence et le calme que vous allez vendre, méfiez-vous du succès parce que ça fait du bruit.» Parce qu’à chaque fois qu’on trouve un avantage dans un territoire, il est provisoire.
MORBIHAN « Il faut partir d’idées toutes bêtes pour trouver
la spécificité d’un territoire. »
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