Page 46 - IHEDATE l'annuel 2015
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L’ÉCONOMIE TERRITORIALE
CLAUDE COURLET ET BERNARD PECQUEUR Editions PUG, 2013.
Ils créaient des emplois mais ils réfléchissaient après. Et il y avait cette idée que l’emploi était le seul indicateur du développement. Comme si l’emploi provoquait le développement. Alors que c’est le contraire, c’est le développement qui produit l’emploi à terme.
A Grenoble, à chaque fois que nous proposions une idée, mes collègues me demandaient tout de suite : «Ca fait combien d’emplois ?» Ils étaient dans le court terme. Ce qui comptait, c’était d’avoir cet indicateur. Et cet indicateur a vraiment été dévastateur sur les possibilités de développement local. On a privilégié des réflexes de concurrence. Les communes ont commencé à se flinguer mutuellement pour se piquer les emplois.
Par exemple en Isère il y a quelques années, il y avait plusieurs centaines d’hectares de zones viabilisées parfaitement vides et les élus attendaient en invoquant le ciel tous les matins qu’une entreprise tombe du ciel. La politique publique peut se résumer ainsi : j’ai un grand filet à papillons, j’attrape l’entreprise qui est dans le ciel et qui va tomber chez moi, en agissant avant qu’elle ne tombe chez le voisin. Du coup, perte d’argent, perte d’énergie, perte de moyens, etc. Donc la concurrence entre les villes a été aussi terrible que l’obsession de l’emploi.
DEUX-SÈVRES « Il faut penser le développement territorial 
dans l’interterritorialité. »
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© Éditions PUG


































































































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