Page 27 - Annuel 2018
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Territoires, santé, bien-être
En quoi la santé est-elle un thème fédérateur pour le territoire ?
Dans le cadre de l’appel à projets Territoires d’innovation de grande ambition (TIGA), nous avons déposé un projet, « Santé en mouvements, une ambition partagée» qui vise à s’attaquer à tous les aspects des maladies chroniques. Il est important de porter une attention soutenue à l’innovation et à la recherche mais nous voulons avoir un continuum de soins sur ce territoire, et notamment sur les questions de sédentarité, d’activité physique et de modes de déplacement. On parle beaucoup de modes de déplacement «doux», mais je préfère parler de modes de déplacement « actifs » pour valoriser le mouvement et le fait de bouger.
Il y a urgence à investir dans la prévention. Le système d’assurance maladie solidaire ne pourra plus prendre en charge tous les malades comme il l’a fait jusqu’à présent parce que leur nombre explose. Il y a aujourd’hui plus de 11 millions de personnes en affection longue durée et 20 millions de malades souffrant de maladies chroniques. La prévention n’est donc pas seulement une urgence pour la qualité de vie des individus, mais plus globalement pour la société. Et Strasbourg est un vrai laboratoire sur ces questions d’innovation autour de tout ce qui permet de bouger.
27 édition 2018 Mais nous ne sommes plus les seuls. Il y a un
mouvement très fort des territoires. Strasbourg, en tant que ville-santé de l’OMS, coordonne 63 villes qui travaillent de façon volontaire. Certaines ont déjà mis en place des dispositifs sport-santé, d’autres sont en train de le faire. Ces questions de santé, de sport et d’activité physique conduisent à revoir les principes de l’aménagement de l’espace. Cela concerne les pistes cyclables, les parcours sportifs, les espaces urbains à repenser. Le ministère des Sports est lui aussi très engagé. Celui de la Santé reste encore à convaincre et craint toujours de payer les activités sportives des assurés.
Le terme de « sport » est-il approprié ?
Il s’agit plutôt d’activité physique et sportive, d’«exercise» comme disent les Anglais. Il n’est pas question de sport de compétition mais de marche ou de vélo.
Mais en 2012, si j’avais appelé cela «activité physique régulière modérée», je n’aurais pas fait 1500 interviews. En termes de communication, «Sport-santé sur ordonnance», c’est très fort. C’est un label qui permet d’asseoir deux éléments qu’on n’associe pas de façon habituelle. Mais il faut constamment expliquer ce que cela recouvre, c’est-à-dire de l’activité physique adaptée à l’état de santé, que ce soit du sport proprement dit ou un mode de déplacement.
Aujourd’hui, quels sont les déis à relever ?
Je milite pour que les territoires aient plus de moyens autour de ces questions parce que ce sont les seuls à pouvoir les mettre en place. Il s’agit avant tout d’un travail sur le terrain au quoti- dien pour promouvoir une activité physique que nous avons malheureusement perdue. L’humain est un être bougeant, pas un être gisant.
LE BUDGET DU SPORT-SANTÉ
SUR ORDONNANCE POUR LA VILLE DE STRASBOURG : 280 000 €
© Sophie Knapp