Page 25 - Annuel 2018
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Territoires, santé, bien-être
25 édition 2018
Strasbourg,
pionnère du sport santé
Vous êtes à l’initiative du sport-santé sur ordonnance. Expliquez-nous
ce dispositif.
C’est une idée un peu folle que j’ai co-construite avec Roland Ries, le maire de Strasbourg, et que nous avons lancée en 2012. De nombreux rapports scienti ques montrent que l’activité physique améliore l’état des malades. C’est quand même étrange de se dire qu’on dispose d’éléments sur l’activité physique, des éléments médicaux mais aussi économiques, qui disent que les malades vont mieux, que ça diminue le nombre de médicaments et que ça coûte moins cher à la société, et que le politique ne suit pas. Je me suis dit : «Si c’est un médicament, il faut le mettre sur ordonnance.» Sur le champ politique, cette expérimentation a incité l’ancienne ministre des Sports Valérie Fourneyron à présenter un amende- ment à la Loi de santé, dans laquelle il n’y avait rien
sur l’activité physique. Cet amendement a été adopté en 2015, notamment grâce aux actions mises en œuvre sur notre territoire qui ont eu valeur de modèle. Et depuis le 1er mars 2017, tout médecin traitant peut donc prescrire des activités physiques adaptées (APA) pour les affections de longue durée (ALD) partout en France.
En 2012, nous avons fait un courrier à tous les médecins généralistes et nous avons eu très peu de retours. Comme j’ai la double casquette d’élu et de médecin, j’ai pris mon téléphone et j’ai appelé des confrères. 50 médecins m’ont dit « On y va ». Ensuite, ça s’est répandu et ce sont les patients eux-mêmes qui en ont parlé à leur médecin.
Comment ça se passe concrètement à Strasbourg ?
Les gens vont voir leur médecin traitant qui identi e leur maladie. Ce dernier leur remet une ordonnance d’activités physiques qui sont ensuite organisées avec des éducateurs médico-sportifs formés autour d’un plan d’activités adaptées et sécurisées. Les pathologies concernées sont l’obésité, le diabète de type II, les maladies cardiovasculaires, les cancers du sein et du côlon en rémission, l’hypertension artérielle et les personnes vivant avec le VIH. Depuis 2017, nous avons aussi intégré dans ce dispositif les personnes âgées de plus de 60 ans fragiles, dans le cadre de la prévention des chutes.
L’ensemble de la population bénéicie-t-elle de ce dispositif ?
Il existe des inégalités sociales très fortes autour de la question de l’activité physique. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place une tari cation solidaire car même si l’APA est prescrite par le médecin dans le cadre d’une consultation médicale, sa réalisation reste à la charge du patient ou des collectivités territoriales qui l’auront décidé.
DANS LE CADRE DU CONTRAT LOCAL DE SANTÉ (CLS), LA VILLE DE STRASBOURG A CHOISI DE SOUTENIR
LE DÉVELOPPEMENT DU SPORT SANTÉ.
Mais cela ne s’est pas fait tout seul à Strasbourg.
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