Page 5 - Annuel 2018
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Territoires, santé, bien-être
5 édition 2018
au moment critique de la maladie, joue un rôle mineur au regard de l’état de santé général d’une population. Or, en France plus qu’ailleurs, la santé est trop souvent réduite aux soins.
Mais si la santé est une valeur universelle, si ses déterminants sont multiples et étroitement imbriqués à l’ensemble de nos modes de vie, elle reste malgré tout un champ technique, d’un abord complexe. Construire un discours généraliste sur la santé, accessible à tous, intéressant aussi bien les acteurs du développement territorial que les professionnels du soin, tel était le dé .
Pour le relever, nous avons tenté de revisiter à l’aune de la santé les grandes questions qui structurent habituellement un cycle de l’Ihédate : les transformations sociales, la dynamique des systèmes productifs, l’évolution des modes de gouvernance, les mobilités, l’agriculture et l’alimentation, les fractures territoriales...
La montée des préoccupations de santé dans la société tient essentiellement à deux grands facteurs : le premier est le vieillissement (plus on vieillit, plus la santé devient un sujet de préoc- cupation), l’autre est l’aspiration sociétale à un environnement sain. Le besoin de transparence et d’information sur les risques sanitaires liés à l’environnement découle en partie de la transfor- mation des pathologies : les maladies chroniques sont désormais la principale source de morbidité - 5 décès sur 6 sont dus à des maladies non trans- missibles en Europe.
Avec la santé environnementale, la notion de milieu fait son grand retour après plusieurs décennies d’éclipse. La conviction que le milieu joue un rôle primordial au regard de la santé a inspiré les courants hygiénistes dont les principes ont remodelé les villes au XIXème siècle. L’insalu- brité urbaine a si bien reculé que la médecine a délaissé le milieu externe pour se concentrer sur le milieu interne au XXème siècle. Mais l’évolution des pathologies change la donne. Aujourd’hui, la
LES AUDITEURS DE L’IHÉDATE À L’HÔPITAL SAINT-LOUIS.
santé devient le principal vecteur de mobilisa- tion de l’opinion en faveur de la préservation de l’environnement. Les décès prématurés attribués à la pollution de l’air en ville mobilisent au moins autant - si ce n’est plus - que l’avenir du climat quand il s’agit de réduire la place de la voiture en ville. La santé est aussi le levier de la transfor- mation de nos pratiques alimentaires et, à travers elles, des modes de production agricoles. Plus largement, l’échelle locale paraît la plus adaptée pour promouvoir une approche transversale de la santé, telle que promue par l’OMS (à travers notamment son réseau des villes-santé) : projets alimentaires, mobilités actives et pratiques sportives, qualité de l’air et de l’eau, atténuation du bruit, de la chaleur, adaptation aux handi- caps. A travers tous ces aspects, la santé devient une boussole pour l’aménagement des territoires.
© Sophie Knapp


































































































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