Page 7 - Annuel 2018
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Territoires, santé, bien-être
7 édition 2018
Bien que les collectivités locales n’aient pas en France les mêmes prérogatives qu’en Suède, elles s’investissent de plus en plus dans l’organisation des soins de ville pour attirer et retenir des professionnels sur leur territoire. La préférence af chée par les jeunes médecins pour un exercice coordonné, voire salarié, favorise ces initiatives. Plus largement, les collectivités, en particulier les communes et leurs groupements, se saisissent des leviers dont elles disposent - de l’aménagement de l’espace urbain aux politiques sociales - pour promouvoir la santé et le bien-être des habitants. Le temps de travail collectif en ateliers a permis de se pencher sur quelques exemples de ces politiques territoriales de santé. La montée en puissance de ces politiques montre que la santé est en train de s’af rmer, lentement mais sûrement, comme facteur clé d’attractivité des territoires.
EN SUÈDE, LA VILLE DE LANDSKRONA OUVRE SES PORTES AUX AUDITEURS, APRÈS STOCKHOLM ET MALMÖ.
Mais nous n’avons pas esquivé bien sûr la question cruciale de l’organisation territoriale du système de soins, et le sujet sensible des déserts médicaux. Le sentiment de relégation et d’aban- don ressenti dans certains territoires tient en partie au dé cit de services de santé. Ce thème s’est d’ailleurs largement imposé au sein du Grand débat – alors qu’il était apparemment absent des revendications des gilets jaunes. Au contraire, la révolte, attisée par la taxation du diesel et la limitation de la vitesse à 80 km, semblait faire peu de cas des préoccupations de santé qui avaient présidé à ces deux mesures (au nom respective- ment de la qualité de l’air et de la sécurité routière). Ce message n’est qu’apparemment contradictoire. Il traduit le désarroi d’une partie de la population de se sentir à la fois privée de services de santé de proximité et entravée dans ses déplacements.
Même si les pires déserts médicaux ne sont pas ceux que l’on croit (comme notre session en Seine-Saint-Denis nous l’a montré), et même si les inégalités territoriales de santé, bien réelles en France, sont avant tout des inégalités sociales, il n’en demeure pas moins que l’adéquation des soins dispensés à toutes les populations, quels que soient leur niveau de vie et leur lieu de résidence, reste un redoutable dé . La cohérence de l’aménagement sanitaire du territoire est parti- culièrement dé cient en France, du fait de la forte dichotomie entre médecine de ville et hôpital : si l’Etat contrôle la carte (et les dépenses) des hôpitaux, il ne maîtrise pas l’offre de soins de ville.
Le voyage en Suède a été l’occasion de découvrir un mode d’organisation radicalement différent du système de santé. A la fois beaucoup plus administré et plus décentralisé que le nôtre, donnant de vrais pouvoirs et de vraies responsa- bilités - notamment  nancières - aux collectivités locales, il permet d’articuler, sans doute mieux que nous le faisons, les différentes dimensions de la santé à l’échelle locale, dans un meilleur équilibre entre préventif et curatif.
© Sophie Knapp


































































































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