Page 6 - Annuel 2018

VISITE DU QUARTIER DE LA CONFLUENCE À LYON
Valeur sociale montante, la santé est aussi une valeur économique et le moteur de nouveaux systèmes productifs. Le modèle de développe- ment en train d’émerger peut être quali é d’anthro- pocentré, c’est-à-dire centré sur le bien-être et le développement de l’individu. La croissance des ressources consacrées au système de santé, et plus largement au secteur de la santé est un des signes de cette évolution. Du bio à la nébuleuse du « care », de l’industrie pharmaceutique et des appareils médicaux à la silver-économie, sans parler de tous les développements de la santé connectée, la santé est au cœur d’un ensemble d’activités. Le développement des maladies chroniques et le vieillissement de nos sociétés ne peuvent qu’accentuer cette tendance, car la maladie n’est plus cantonnée à l’hôpital ou chez le médecin mais elle accompagne le malade dans ses lieux de vie... Or c’est au niveau local, au plus près des besoins des personnes, des usages, que s’inventent nombre d’innovations dans ce domaine, qui sont autant des innovations sociales
AGROPARISTECH REÇOIT L’IHÉDATE AUTOUR DES QUESTIONS D’ALIMENTATION
que techniques. Nous en avons eu un exemple à Strasbourg, où des coalitions d’acteurs s’orga- nisent autour du thème de la santé, notamment dans le cadre du projet TIGA.
Cette économie centrée sur l’individu s’appuie sur des systèmes collectifs complexes, combinant industrie, services et, bien sûr, numérique. La santé offre une excellente illustration des usages et des mésusages du numérique sur le territoire. Plein de promesses, quand il développe les capacités des personnes (pensons aux handicapés notamment, mais aussi à chacun quand il nous permet par exemple de consulter à distance ou d’améliorer le suivi des traitements), le numérique est aussi porteur de risques. Les données personnelles de santé ouvrent ainsi sur des débats vertigineux, avec des risques de dévoiement, d’exclusion et de privatisation des béné ces de l’exploitation des données. D’où la nécessité de ne jamais séparer le numérique des contextes socio-politiques dans lesquels il s’inscrit.
édition 2018
6
© Sophie Knapp
© Sophie Knapp