Page 38 - Le Mot De Jean-Noël
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On peut penser à la réaction des personnes qui entendaient Jésus prononcer ces

               paroles ! Comment pouvait-il demander une telle chose ? La vie était déjà si
               difficile sous l’oppression romaine. Mais aller au-delà de ce que l’on attend de
               nous peut ouvrir un chemin qui mène à une abondance de vie. C’est ce que Jésus
               voulait faire comprendre aux gens. « Donnez, et vous recevrez : une mesure bien

               pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier. » (Luc 6
               :38)

               Généralement, personne ne s’attend à ce que nous allions au-delà de ce qui est

               attendu ou  requis. Personne  ne s'attend  vraiment à ce que nous aimions les
               ennemis et prions pour ceux qui nous persécutent. Dans les échanges, dans les
               relations humaines, la règle est la réciprocité. C’est donnant donnant. Je te salue,

               tu me salues. C’est aussi le « Œil pour œil, dent pour dent » Il y a une justice
               humaine afin de permettre une coexistence pacifique dans la société. Cela relève
               du domaine de la loi.




               Mais Jésus vient ouvrir la porte du don et de l’excès dans le don, la porte de
               l’amour  inconditionnel  ;  «  Que  faites-vous  d’extraordinaire  si  vous  aimez
               seulement ceux qui vous aiment ? » dit Jésus. « Cela, tout le monde le fait... mais

               aimez vos ennemis. Faites du bien à ceux qui vous haïssent. » Celui qui aime
               seulement ceux qui  l’aiment n’a  pas encore atteint l’amour au sens  divin  du
               terme, cet amour qui se donne pleinement et gratuitement, et qui n’attend rien

               en retour. Et c’est cela le second mille où Jésus nous invite à passer. Ceux qui
               emprunteront le second mille sont ceux qui auront accepté de se laisser toucher
               et transformer par l’amour, ceux qui auront fait le choix de l’approfondissement

               de la vie spirituelle.



               Le  premier  mille,  c’est  la  loi,  mais  le  second,  c’est  l’amour  de  Dieu,  c’est  la
               gratuité, c’est le don généreux de soi. C’est passer de la mentalité légaliste à la

               mentalité du service gratuit. Alors que dans le premier mille, on subit, dans le
               second, on est en contrôle parce que l’on choisit volontairement d’y être ! Ainsi,
               celui qui propose au soldat romain de faire deux mille avec lui ne subit plus, il est

               en contrôle.









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