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 Enfin tu organiseras le vote sur le projet, le jour où le principal opposant a rendez vous chez le méde- cin.
Nul doute que le projet sera approuvé et un article dans le journal local vantera cette avancée démo- cratique.
RETOUR À LA RÉALITÉ
Pascal habitant de Nogent sur l’Aubois rencontre Heinrich, habitant d’une contrée étrange :
-Heinrich, dans ton île, on pratique la démocratie participative ?
-Bien sûr Pascal, mais je ne sais même pas com- ment on a pu inventer ce terme : L’objectif n’est pas de faire « participer » des citoyens, mais de les rendre acteurs dans la construction d’un avenir commun.
-Heinrich, comment ça se passe chez vous :
Dans notre île, les conseils de citoyens ne sont pas des annexes de la mairie mais des lieux de débats et de réflexion bienveillante où se côtoient des habi- tants experts de leurs quartiers, des spécialistes des services de la ville ou d’ailleurs et des repré- sentants de la mairie qui amènent les informations indispensables aux débats et qui font le lien avec le conseil municipal.
Les conseillers sont tirés au sort pour de vrai sans faire appel à des officines chargées de trier le bon grain de l’ivraie.
Les conseillers sont formés et on leur apporte les compétences qui pourraient leur manquer pour af- firmer leurs opinions et une méthode leur est en- seignée pour savoir écouter et débattre en harmo- nie.
L’animateur du conseil est élu lors d’une élection sans candidat :
Être candidat à un office serait d’ailleurs mal perçu, ce serait une marque d’orgueil ou d’ambition non compatible avec le travail en commun.
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NOUS N’ASPIRONS PAS AU REPOS, LES SOLUTIONS SONT À NOTRE PORTÉE !
3.3. POLITIQUE
Sans qu’aucun ne se soit porté candidat, ce sont donc les membres du conseil qui écrivent sur un bulletin le nom de celui ou celle qui leur semble avoir la sagesse nécessaire pour animer leurs tra- vaux.
Enfin une proposition élaborée au sein d’un conseil peut être soumise à un référendum de quartier ; toutefois le plus important n’est pas le vote, mais les échanges qui le précède.
-Mais Heinrich, les travaux des conseils servent-t- ils vraiment à quelque chose ?
-Pascal : Ce système fonctionne car il ne vient pas en plus d’une organisation existante, il est un des maillons essentiels de notre mode de gouvernance.
Par exemple nous interrogeons le conseil avant dé- livrance des permis de construire les plus suscep- tibles de modifier la vie d’un quartier.
De plus une demande d’un très petit nombre d’habi- tants suffit pour que le conseil s’empare d’un pro- blème.
Enfin, nous ne confondons pas vitesse et précipita- tion :
La plupart des sujets qui sont débattus, s’inscrivent dans le temps long : sauf cas très particuliers, il n’y a pas d’urgence qui justifie de réduire le temps du débat. On préfère lever toutes les objections pour aboutir à un consensus. Ainsi personne ne se sent lésé par une décision.
-Et les citoyens acceptent de venir dans ces conseils?
-Ils savent que c’est le lieu où débattre et qu’il est inutile d’aller frapper à la porte de tel élu : Il n’y a pas de citoyens dont la voix compte plus que celle des autres.
Enfin il n’y a pas nécessité pour les conseillers de venir à toutes les réunions : les citoyens sont ac- teurs de ce qui les motive et ne sont pas obligés d’avoir un avis sur tout.
-Au fait, elle est où ton Île ? -J’habite en Helvétie.
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 Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P101
3.3.2. FABLE DE LA DÉMOCRATIE





































































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