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Pourtant la nature est présente dans nos temples. Le décorum en est la manifestation. Nos colonnes et rites regorgent de thèmes qui pourraient initier, nourrir, illustrer le rapport Société-Nature. Rappe- lons que nous menons nos travaux au cœur d’une carrière, bordée d’arbres telles que nous le symbo- lisent nos colonnes, à l’image des colonnes antiques de tous styles, au Septentrion et au Midi. Grenades, arbres, acacia, le végétal est bien là. Même l’ani- mal, certes caché, le coq. Le ciel étoilé, les astres, la lumière de notre décorum surplombant nos as- semblées rappellent par notre microcosme notre appartenance aux rythmes et aux dimensions du macrocosme, celui de l’Univers.
Le vent, le feu, l’eau de nos initiations donnent une matière sans fin à des réflexions possibles sur les problématiques environnementales du passé, du présent et du futur. Et pourtant quid de... la Terre, la Nature, la Biodiversité... ?
Soyons objectifs. Non, la Franc-Maçonnerie n’a pas l’apanage de l’oubli de notre réelle condition hu- maine, une humanité partie prenante de la Nature au même titre que toutes les autres composantes de la biosphère. Ce découplage Nature-Culture, est une affaire ancienne. Certes la Franc-Maçonnerie n’a pas fait preuve d’originalité ni d’avant-gardisme, mais guère moins que toutes les autres compo- santes du monde de la culture et de la philosophie. Elle a été à l’unisson des courants philosophiques et politiques de son temps depuis les trois siècles de son existence.
Notre association philanthropique comme l’im- plique le mot s’est préoccupée de l’Humanité, et nous conduit à œuvrer à son amélioration. Ne com- mettons pas d’anachronisme ni de jugement inap- proprié. Essayons de comprendre et se replacer dans le temps.
UNE FM À L’ORIGINE SOUS TRIPLE INFLUENCE PHILOSOPHIQUE :
Trois grandes influences sont venues telles les va- gues de la mer baigner nos colonnes et la philoso- phie s’y déployant. Il en est ainsi d’abord du chris- tianisme. La lecture primaire de la Bible mais également la vision aristotélicienne largement re- prise par l’Église ont impacté les conceptions à
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UNIVERSALISME, HUMANISME ET ÉCOLOGIE
1.1.
LA RÉFLEXION MAÇONNIQUE SUR LA CRISE ÉCOLOGIQUE
l’origine de la franc-maçonnerie aux 17°s et 18° siècles. L’Homme a été placé au cœur d’un monde d’origine divine et pour lui-même. La nature ter- restre est alors oubliée. Rappelons que cette pen- sée dominante a constitué une rupture avec les conceptions plus anciennes, basées sur un lien d’immanence entre nature et humanité, une liaison magique.
La philosophie c’est évident a toujours influencé la Franc-Maçonnerie. Ainsi en est-il de l’empreinte pythagoricienne qui combinée avec l’essor des ma- thématiques ont donné sens à une « révolution scientifique » initiée par Galilée, Newton, Pascal, Leibniz... Les mathématiques sont présentées comme « Science Universelle » d’une nouvelle vi- sion du monde où on passe d’»un monde clos à un univers infini» selon Newton ; désormais Terre et Univers sont gouvernés par les mêmes « lois natu- relles ». Les mathématiques comme la doctrine py- thagoricienne privilégient la Géométrie, qui appor- terait une clé d’explication à l’organisation du Cosmos. D’ailleurs maints symboles géométriques sont récurrents dans nos ateliers en loge bleue et en loge de perfectionnement à tel point que la for- mule dont Platon aurait été à l’origine « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre » est souvent rappelée en franc-maçonnerie ; Un des symboles fondateurs est le pentagramme, symbole de reconnaissance et de connaissance, associé à la gnose. Il est le chiffre 5 unissant les éléments et l’esprit.
Plus globalement la démarche scientifique s’im- pose peu à peu. Si pour Francis Bacon « la science véritable est la science des causes », la nature va-t- elle trouver sa place ? Pourtant Descartes réduit la nature à la matière et la vie à la mécanique ; bien sûr il s’agit aussi d’ôter aux phénomènes naturels leur dimension magique et métaphysique. Si la Bible et le christianisme ont participé au fondement de l’anthropocentrisme, la science et le cartésia- nisme sont convaincus de la toute-puissance de l’Homme sur la Nature. Le fossé entre Culture et Nature devient la règle. Souvent on cite Descartes « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Une formule qui sonne le glas de toute re- tenue.
Commission Nationale de Réflexion sur le Développement Durable (CNRDD) Mars 2021 - P20
1.1.3. RÉCIT D’UNE HISTOIRE DE LA RELATION NATURE ET HUMANITÉ EN FRANC-MAÇONNERIE