Page 31 - MOBILITES MAGAZINE N°22
P. 31

                  Nîmes
   NÎMES, L’INQUIÉTUDE CHEZ LES SALARIÉS
Les salariés du réseau Tango ne cachent pas leurs inquiétudes quant aux conditions financières d’attribution du contrat de DSP à Transdev. Interview de Serge Lantin, élu au comité d’entreprise et secrétaire du CHSCT.
   Mobilités
magazine
: quelle analyse portez-vous sur le contrat attribué à Transdev ?
Serge Lantin : nous attendons d’avoir les annexes du contrat pour avoir une analyse précise. Néanmoins, nous avons plusieurs interrogations concernant les conditions budgétaires dans lesquelles ce contrat a été attribué. Nous ne savons pas comment nous allons pouvoir fournir le même service avec 7 M€ de moins en 2019. a nos yeux cela relève un peu de la magie car lors du précédent contrat nous avons mis 4 à 5 ans pour réduire la contribution forfaitaire de 8 M€. Ce qui s’est traduit par une ré- duction de l’offre de plus d’un million de kilomètres. Quand on regarde dans le détail les documents qui ont été rendus publics, nous constatons que Keolis qui connait très bien la maison et dans un contexte de concurrence très vif avait fait une offre ultime plus chère de 2 M€ que celle de Transdev pour l’exercice de 2019. Même les espagnols étaient plus cher que Transdev.
ils ont eu une approche très prudente et n’ont pas cassé les prix, ce que nous ap- préhendions un peu. Nous imaginons donc que Transdev va perdre de l’argent avec des marges, des aléas et des résultats à zéro les premières années. Ce qui dénote clairement que Transdev a voulu prendre la place de Keolis, sans apprécier la viabilité économique des conditions dans lesquelles ce groupe va reprendre l’exploitation du réseau Tango. Tout paraît extrêmement ambitieux dans ce contrat que ce soit l’ambition commerciale, la hausse de la fréquentation et la maîtrise du risque in- dustriel. Nous préférons ne pas imaginer ce qui se passera si nous n’atteignons pas les objectifs.
: craignez-vous des conséquences sociales ?
SL : Yvan Lachaud, le président de Nîmes métropole a indiqué que le pacte social ne serait pas touché. or sa vision n’est tout à fait la nôtre. Pour lui, si les accords d’entre- prise figurent dans le pacte social, le temps de travail n’y est pas inscrit. Nous subodo- rons que la collectivité pense qu’il peut y avoir un levier de productivité important à ce niveau-là.
Pour nous c’est totalement inacceptable. Nous sommes très circonspects. aujourd’hui l’entreprise emploie 356 salariés. en 2014, il y en avait 475. Nous perdons environ 15 personnes par an. La direction laisse en- tendre que nous serons sur le même trend. Transdev aurait assis la maîtrise des charges avec 80 salariés en moins, sans que cela soit dit explicitement.
: savez-vous sur quoi va porter le projet de réforme de
l’entreprise et de professionnalisation de l’exploitation demandé par la
collectivité ?
SL : à part réduire la part du personnel d’encadrement, je ne vois pas précisément ce que la collectivité entend par réforme de l’entreprise et professionnalisation de l’exploitation. Quelques aménagements techniques peuvent être mis en place, mais je doute que ces leviers soient déterminants pour réduire les coûts.
il a été évoqué de concevoir le graficage et l’habillage des services de manière dif- férente. Reste à savoir si les efforts vont porter juste sur une rationalisation de la structure d’encadrement ou s’il va y avoir une approche totalement différente concer- nant l’architecture de l’exploitation. Nous
ne savons pas, par exemple, s’il est envisagé d’externaliser les services de sécurité ou de l’organiser différemment.
: que pensez-vous de la nouvelle organisation de la sous-
traitance ?
SL : la sous-traitance figurerait en bonne position dans la proposition de Transdev avec un prix très bas qui a été renégocié à la baisse dans les dernières minutes de la négociation. Transdev a présenté une offre qui sacrifiait sa filiale locale, la sTDg. Celle- ci ne fait pas partie de la Coop 30 qui est exclusivement détentrice de l’ensemble des marchés interurbains [NDLR : sollicités à plusieurs reprises par Mobilités Magazine, les représentants de cette structure n’ont pas donné suite].
en volume, cela représente un peu plus de la moitié de l’offre kilométrique. autre sub- tilité découlant de ce contrat : la collectivité a décidé de mettre à la disposition des sous-traitants le matériel roulant. elle a lancé un appel d’offre de près de 2 M€ pour cela. Certes, cette opération vise à maîtriser les charges, mais c’est sans doute aussi un moyen d’alimenter la section in- vestissement plutôt que celle du fonction- nement.
Ce procédé est assez rare car généralement les sous-traitants fournissent les véhicules. C’est pour cela que la Coopérative 30 a pu casser les prix étant donné que les trans- porteurs ne seront rémunérés que sur le coût du roulage.
Reste à savoir qui va entretenir ces véhi- cules ? C’est une grande zone d’ombre car en interne, nous ne sommes pas calibrés pour.
PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTINE CABIRON
Mobilités
magazine
   Mobilités
magazine
  Mobilités
magazine
  MobiLiTés MagaziNe 22 - JANviER 2019 - 31
 



































































   29   30   31   32   33