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                 Opérateurs & réseaux
 au congrès de la FNTV, le 16 octo- bre, comme il y est invité. D’après Dominique Dhumeaux, finalement, c’est plutôt au transport scolaire de résoudre ses problèmes lui- même. Ce qui renvoie aux raisons intrinsèques de la pénurie : l’emploi trop partiel, les horaires atypiques, les salaires trop bas, la concurrence avec d’autres secteurs (construc- tion, hôtellerie-restauration, ser- vices de santé) eux aussi en déficit de main d’œuvre. « C’est mainte- nant qu’il faut agir parce que la pénurie s’aggrave », plaide Ingrid Mareschal.
Les augmentations de salaires ne sont pas appliquées
Est-ce que l’Etat, les Régions et les autres grands organisateurs de transport scolaire que sont les in- tercommunalités (plus de la moitié des élèves transportés le sont par elle, selon une étude de l’ANATEEP*) ont posé le bon diag- nostic et pris la mesure du pro- blème ? « Les Régions commencent à comprendre qu’il ne s’agit pas que d’un problème de transpor- teurs, et qu’il concerne tout l’éco- système autour, mais elles ne sa- vent pas encore comment inter- venir », analyse Ingrid Mareschal. L’Etat, d’une certaine manière, a déjà agi. Il prend en charge 90% des frais de formation de conduc- teurs dans le cadre de préparations opérationnelles à l’emploi collec- tives (POEC). Mais la réforme de la formation professionnelle brouille les cartes, en refusant notamment aux entreprises de plus de 50 sa- lariés de prendre en charge les formations obligatoires. Et on est loin, à travers les financements, de traiter là de l’attractivité du métier. « Nous plaidons pour l’aug- mentation des rémunérations, même si ce n’est qu’un point parmi d’autres. En atteste les 2% d’augmentation conclus dans la
N EtienneChauffour,conseillerdeFrance Urbaine : conducteur de cars, cible d’une opération Zéro chômeurs de longue durée dans quinze grandes agglos.
de salaires décidées par la branche semblent ne pas redescendre. En clair, elles ne sont pas appliquées. Pour le faire, les entreprises récla- ment des clauses d’indexations dans leurs contrats de transport, comme elles répercutent les hausses de carburant dans la fac- ture qu’elles présentent chaque mois aux Régions ou aux agglo- mérations pour qui elles travaillent. Les syndicats ne sont pas loin d’évoquer une supercherie. « Les dernières hausses de salaire né- gociées dans les branches n’ont servi à rien. Les entreprises ne les appliquent pas tant qu’elles n’y sont pas obligées par le gou- vernement. Or, il prend de plus en plus de retard à le faire. Dans les faits, les 2% se sont plutôt traduit en 0,5, au mieux 0,7%. Même pas l’inflation. Tout le monde continue de vouloir faire des économies sur le transport scolaire », explique Christophe Mercier, secrétaire CGT du transport de voyageurs. Pour que le métier redevienne attractif, il réclame principalement un statut unique des salaries du transport de voya- geurs, la fusion en quelque sorte des conventions collectives de l’ur- bain et de l’interurbain. Ce qui paraît aujourd’hui inimaginable.
Assistance maternelle, aide à domicile
Le gouvernement a peut-être trouvé une solution avec l’accès au permis D dès 18 ans, au lieu de 21, une vraie révolution pour re- cruter. Tout va être dans l’écriture du décret d’application car il existe une peur de confier des élèves à des conducteurs de 18 ans. Dans le meilleur des cas, cela facilitera la rentrée 2020.
En attendant des initiatives locales fleurissent. Un partenariat entre le transport scolaire et l’aide à do- micile est noué dans le Finistère, dans le but d’offrir un temps plein
 Mais, écueil nouveau, les hausses 42 - MOBILITÉS MAGAZINE 29 - SEPTEMBRE 2019
N Jean-SébastienBarrault,présidentdela FNTV : « Nous voulons faire augmenter les rémunérations ».
 N DominiqueDhumeaux,vice-présidentde l’Association des Maires ruraux de France :
« changer les horaires du transport scolaire fragiliserait encore plus nos petites administrations communales ».
branche deux années de suite, cruciales pour au moins conserver notre personnel. Ainsi que l’ou- verture au printemps dernier d’une négociation sur le temps partiel. Nous consultons nos adhérents et nous relançons les discussions avec les syndicats fin septembre », indique Ingrid Mareschal.
 




















































































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