Page 10 - Voyages & groupe n°27

âgées, mais aussi de sco- laires qui ne prendront ja- mais le métro ou les trans- ports publics pour visiter Paris et ne circuleront pas beaucoup à pied », rétorque Cyril Darbier. « Pour n’im- porte quel groupe en soirée à ramener à son hôtel, l’au- tocar restera indispensable. Ets’ilya500mou1kmà parcourir à pied, on perd le marché », renchérit Selçuk Sinan. Il ajoute que des groupes de Chinois ou de Japonais dépensant sans compter dans les magasins parisiens, mais qu’il faut beaucoup rassurer sur le ni- veau d’insécurité dans la ville, ne prendront jamais, eux non-plus les transports publics. Sans parler des clubs sportifs, des entreprises, des clientèles des congrès...
Le tourisme annuel par au- tocar dans Paris est évalué à 12,5 millions de personnes générant 1,5 Md€ par an de retombées économiques. La FNTV a lancé un comptage un peu plus précis que les 1000 à 2000 cars quotidiens souvent cités.
Le sentiment d’être ostracisés
« Ce tourisme serait négli- geable. Nous ne figurons même pas dans les chiffres de l’Office de tourisme. Mais toute une économie récep- tive de restaurants, d’hôtels, de lieux de culture, de di- vertissement, de loisirs, de commerce a un besoin vital de nos services d’autocars.
Jean-François Martins, adjoint au tourisme de la Ville de
Paris :
« Paris est en surtourisme ».
Simon Parienti, Directeur autocars Maillard/robin : « Il faudrait le double de stationnements dans Paris ».
Quentin rouillard, Directeur des Voyages rouillard :
« a Paris, il faudrait envoyer deux conducteurs, impossible ».
C’est pourquoi nous ne com- prenons pas d’être ciblés à ce point, ostracisés, tels des boucs émissaires qu’il faut faire disparaître », insiste Cyril Darbier, par ailleurs président de la commission touristique de la FNTV.
Il plaide pour une nouvelle organisation des flux d’au- tocars dans la ville. Que les autocars circulent dans cer- tains couloirs de bus, les plus transversaux pour faire entrer et sortir le plus vite possible leurs groupes de la ville. Mais ce n’est là qu’un exemple. « Face au manque de stationnements, il faudrait sans doute en trouver dans les communes périphé- riques. Il a de nouvelles so- lutions à trouver. Pourquoi ne pas imaginer tous les au- tocaristes obligés d’adhérer à une plateforme numérique qui éviterait les déplace- ments à vide dans Paris. Tous prenant en charge, une fois nos propres groupes déposés, les groupes des autres en route vers les mêmes lieux de stationne- ment. Jouant le rôle de na- vettes de sortie de Paris. Ce n’est qu’un exemple », in- dique Cyril Darbier.
Et la sortie du diesel ?
Il y a sans doute bien d’autres idées à avoir : des péages urbains, des gares ferro- viaires flanquées de gares routières.... Pour une Ams- terdam qui a fermé son accès aux autocars (mais c’est une
capitale peu étendue), com- bien d’autres capitales et grandes villes européennes parfaitement organisées pour les autocars ? En Alle- magne, un système de vi- gnettes spécifiques fonc- tionne bien. « Nous risquons de tomber dans le piège de devoir disparaître du pay- sage faute d’une organisa- tion performante de notre fonctionnement », signale Ingrid Mareschal, Déléguée générale de la FNTV.
Autre point noir, la transition écologique à préparer. Anne Hidalgo en 2014, comme Benjamin Griveaux au prin- temps dernier, ont pointé du doigt les autocars au die- sel. « Le diesel n’est plus qu’un prétexte pour s’en prendre aux autocars », peut bien estimer un homme comme Yves Verdié, il n’en reste pas moins que Paris ne veut plus de cars au diesel en 2024. Or, les sociétés d’autocars commencent à s’équiper de véhicules qui rouleront en 2024. Elles vont donc attendre que les tech- nologies s’améliorent, en particulier l’hydrogène, a priori optimal pour les cars de tourisme. Elles vont ajus- ter leurs phases d’investis- sement en vue de 2024. Mais Cyril Darbier prévient : « une transition trop brutale, au dernier moment, vers du transport propre hors diesel, pourrait coûter trop cher. Ce ne sera plus à nous de trou- ver des solutions ».
Hubert Heulot
10 - VOYAGES & GROUPES 28 - OctObre 2019
What if ?