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locales. C’est ce que font notam- ment les Agences régionales de santé (ARS). « Les agences ne sont pas à l’initiative de campagnes, mais elles déclinent sur le terrain les campagnes nationales, explique Christophe Tonner, infirmier de santé publique au département prévention et promotion de la santé de l’ARS Paca. C’est ce que nous faisons par exemple pour la semaine de la vaccination en lien notamment avec les unions régio- nales de professionnels de santé et d’autres acteurs de terrain pour mettre en place des actions concrètes. »
“DISEASE AWARENESS”
Plus récemment, les industriels du médicament se sont aussi avancés sur le terrain de la prévention, ce qui est diversement apprécié du côté des patients ou des profes- sionnels de santé. « Il faut faire une différence entre les campagnes de
Point de vue
« Une campagne
de prévention toute seule
ne marche pas »
Charlotte Marchandise-Franquet, adjointe
à la santé au maire de Rennes (Ille-et-Vilaine)
et présidente du Réseau français des villes santé OMS
« Les campagnes de prévention toutes seules en population générale, cela ne marche pas, et cela peut même avoir tendance à accroître les inégalités. Les villes ne sont pas là pour construire des campagnes de prévention. C’est pourquoi nous demandons à ce que les villes soient davantage mises au courant des grandes campagnes nationales pour qu’elles puissent se les approprier
et leur donner de la chair. À Rennes, nous avons beaucoup travaillé sur l’équilibre alimentaire, notamment par le biais des ateliers de cuisine dans les quartiers où nous avons des gamins qui n’avaient jamais goûté certains fruits ou légumes. À mon avis, une campagne comme “manger/bouger” n’est pas très utile en soi. En revanche, dans le cadre d’actions de prévention avec une approche de santé communautaire – c’est-à-dire en utilisant des relais dans les quartiers –, les personnes peuvent ensuite faire le lien avec la campagne. C’est pareil quand nous faisons des actions de prévention sur l’alcool. Nous sommes très attachés à construire des campagnes qui ne soient pas hors sol. C’est pourquoi nous invitons des jeunes des missions locales, des facs, des jeunes travailleurs et des apprentis pour qu’ils aident à construire leur propres messages de prévention. »
CAMPAGNES SANITAIRES TOUCHE PAS À MON SPOT
santé publique et les campagnes dites de “disease awareness” pro- posées par les laboratoires, ce qui n’est pas du tout la même chose », analyse Philippe Pariente, prési- dent de McCann Healthcare France, agence de communication spécialisée en santé et dont les clients sont surtout des labora- toires pharmaceutiques. En effet, les secondes ont pour objectif d’alerter l’opinion sur une patho- logie (comme les dysfonctionne- ments érectiles ou la dégénéres- cence maculaire liée à l’âge par exemple) afin d’inciter les per- sonnes concernées à consulter un médecin pour recevoir un traite- ment approprié, et non pas les inciter à changer un comporte- ment (4). « Les campagnes de pré- vention sont aussi un moyen pour un acteur privé ou public de mon- trer son implication dans le champ de la santé publique, voire de prou-
ver sa légitimité », rappelle le socio- logue Frédéric Ketterer. En ce sens, c’est aussi parfois un outil de communication. ✜
(1) Sauf en 2015 : selon l’Insee, l’espérance de vie à la naissance a diminué l’an dernier de 0,3 an pour les hommes et de 0,4 an pour les femmes. « Une première depuis 1969 », a souligné Le Monde à propos de ce recul « conjoncturel » (lien Internet raccourci : bit.ly/1OuW82M).
(2) Expérimentation menée par Werle Carolina O. C., Boesen-Mariani Sabine, et Gavard-Perret Marie-Laure (2010), “Prévention du risque d’obésité chez les adolescents : Identification de facteurs d'efficacité des messages”, Rapport final, Fondation Wyeth pour la santé de l’enfant et de l’adolescent.
(3) Résultats de 2009, issus d’une recherche de l’Institut Pasteur et de l’Inserm, en collaboration avec l’Assurance maladie. À lire sur le site de l’Inserm (raccourci : bit.ly/1MFJG3i). (4) Le risque de telles campagnes, où par ailleurs aucun nom de médicament n’est mentionné, est de surmédicaliser une situation, comme nous le signalions dans notre dossier de novembre dernier sur l’influence des laboratoires dans le domaine de la santé.
EN SAVOIR
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Les Idels sont destinataires et peuvent commander auprès de l’INPES des supports de prévention pour informer le grand public. www.inpes.sante.fr, rubrique “Espaces professionnels”.
MAI 2016 - N° 325 - L’INFIRMIÈRE LIBÉRALE MAGAZINE 33
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