Page 33 - MOBILITES MAGAZINE N°32

« propres » ?
global un tiers de ces gaz pro- viennent de la déforestation et de l’agriculture, c’est-à-dire autant que les centrales à charbon dans le monde, sans compter que sa productivité provient de l’énergie fossile. Quant à la France, elle de- meure dépendante pour son éco- nomie, à 80% des carburants fos- siles). Mais la situation est beau- coup plus complexe, notamment sur un plan politique. Ainsi, les villes, beaucoup de villes, en arri- vent à vouloir restreindre l’accès des autocars à leur espace, Paris en tête. Logique, les électorats at- tendant que les politiques prennent des mesures de sauvegarde qui concernent directement leur ter- ritoire, et n’intègre pas forcément d’autres paramètres (congestion à l’entrée des villes et même dans les villes si les mesures sont in- suffisamment réfléchies). Il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas qu’une question de pollution de l’air. Le gabarit des véhicules, leur arrêt intempestif, etc. comptent pour beaucoup aux yeux d’une popula- tion citadine qui n’utilise pas ces
véhicules, puisqu’il ne s’agit pas de trajets domestiques, mais soit de « pénétrantes » urbaines (ou « dessertes locales »), soit de cars de tourisme.
Manque d’organisation
Il n’existe pas, en France du moins, suffisamment de parc relais, per- mettant à ces véhicules, plutôt destinés à de la moyenne et longue distance, de connecter leurs pas- sagers au réseau de transport pu- blic des villes. Les enjeux autour des gares routières, sujet sous- estimé, à l’occasion de l’ouverture des services longue distance de la loi Macron, les fameux « cars Macron », ont été à cet égard symptomatique, mais avant tout sur un plan commercial (pour l’at- tractivité de l’offre de ces opéra- teurs, blablabus et Flixbus). En cause le traitement inégal des opérateurs qui n’a pas manqué d’interpeller des observateurs aguerris à ces questions de libre accès aux villes et d’égal accès à des infrastructures pourtant es- sentielles. Si on s’en tient aux seuls
résultats dans le domaine envi- ronnemental, le constat est pour- tant que les autocars n’ont jamais été aussi « propres ». Potentielle- ment, compte tenu des progrès de la filière, mais aussi dans les faits, pour une part très importante de la flotte immatriculée en France, mais pas uniquement.
reste que la question de l’énergie demeure cruciale, car un pays comme la France dépend pour ses besoins à 80% des énergies fos- siles (pétrole, gaz, charbon). On ne veut pas le voir mais pour at- teindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre il faudra sans doute limiter à terme les déplacements. C’est ce que pense un expert comme Jean- Marc Jancovici, professeur à Mines- Paris Tech (France Culture, le 7 novembre 2019). « Pour lutter contre le changement climatique il faut se mettre au régime », mar- tèle-t-il. On n’a pas de peine à imaginer qu’il faudra, dans cette conception, à la fois réduire notre consommation, mais aussi nos dé- placements, s’ils n’utilisent pas
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