Page 23 - Mobilités Magazine Thématique N°13
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 Electrique/Equipement
 La revanche des équipementiers ?
 Hormis les fournisseurs très liés aux moteurs à combustion interne, les équipementiers se révèlent être plutôt des gagnants de la mutation énergétique en cours. Voici pourquoi.
Depuis plusieurs années, voire décennies, les équi- pementiers prennent une
part de plus en plus grande dans
la valeur des véhicules, qu’il s’agisse
de voitures particulières ou de vé-
hicules industriels. Le tournant s’ef-
fectue dans les années 1980 au
moment où les constructeurs ten-
dent à externaliser leurs dévelop-
pements en études et recherches.
Ce sont alors les équipementiers
qui prennent la relève. Une évolu-
tion sémantique apparaît d’ailleurs,
appelant parfois ces derniers « sys-
témiers ». Illustration de ces efforts :
ZF a dépensé 3,1 Mds€ en re-
cherche et développement pour
l’année 2021, investissements en
R&D « les plus élevés de l’histoire
phi Technologies et (à une échelle moindre, mais néanmoins signifi- cative) entre Dana et TM4 ou entre Faurecia et Hella. D’autre part, l’ac- célération des développements des spécialistes vers l’électro-mobilité : ici on pense à Valeo (qui s’est sou- dain pris de passion pour le véhicule industriel après plus d’une décennie de quasi abandon du secteur) mais aussi à Actia, Behr, BorgWarner, Eberspächer, etc. Liste à laquelle il faut ajouter de nouveaux entrants, tous issus du monde de la traction électrique : BYD et Bolloré Blue So- lutions pour les batteries, auxquels on peut additionner le géant Chinois CATL. Toujours pour les batteries, il y a prolifération d’acteurs : Akasol, Forsee Power, Northvolt, Proterra, pour ne citer les principaux, sans oublier le retour de « vieilles gloires » profitant de ces vents por- teurs comme le français SAFT (par- tie intégrante de TotalEnergies de- puis l’été 2016). De nouveaux noms font leur apparition comme Romeo Power, qui a réussi à conclure un accord avec le groupe américain Paccar en avril 2021. Ou le compa- triote Nikola, dans la tourmente depuis juillet 2021(2), associé à Iveco Group depuis 2020. De purs « mé- caniciens » comme Allison Trans- missions, ou Voith, se convertissent
1 Les fabricants les plus impactés par la rupture technologique en cours sont liés au coeur du moteur à combustion interne (fabricants de pistons, segments, pompes, filtration carburant, injecteurs, systèmes de dépollution des gaz d'échappement).
2 Les systèmes de freinage demeureront indispensables, ne serait-ce que pour des raisons d'homologations. Mais le secteur connaît de grandes évolutions avec la méga-fusion intervenue entre l'allemand ZF et l'américain Wabco. Fusion finalisée sur le plan opérationnel ce mois de mars 2022 . De fait, tous les composants clés d'un véhicule industriel sont disponibles auprès d'un seul interlocuteur.
également à l’électrification. On note ici un parallèle intéressant en-
tre Allison Transmissions, Cummins, Voith Turbo et ZF : tous capitalisent
sur leurs savoir-faire historiques
tout en investissant massivement
sur l’électro-mobilité ou la conduite autonome. Dans cet univers, les seuls équipementiers réellement fragilisés sont des spécialistes comme Telma (fournisseur de ra- lentisseurs électro-magnétiques à courant de Foucault) Bosch ou Del-
phi pour leurs activités liées aux systèmes d’injection moteur. Pour
ces industriels, le seul espoir est le développement des motorisations GNV ou à moteurs à hydrogène à combustion interne. Les 750 sup- pressions d’emplois( 3) à l’usine Bosch de Rodez (Aveyron), dédiée
aux injecteurs pour moteurs Diesel
est révélatrice du risque qui pèse
sur l’industrie automobile euro- péenne. Selon le plan annoncé par l’équipementier, les injecteurs pour moteurs Diesel verront l’arrêt de
leur production en 2023. Parallèle- ment, le même groupe développe
de nombreux équipement élec- triques ou électroniques ou rachète
à ZF certaines de ses activités (par exemple les systèmes de direction). Faurecia investit pour sa part 165
M€ sur les sites de Allenjoie u
 de ZF » précise un communiqué du (1)
groupe . La rupture technologique en faveur des véhicules électriques ne fait qu’accélérer le processus. Il y a deux phénomènes conver- gents : d’une part une concentration des acteurs majeurs de « l’ancien monde ». Illustration de ce phéno- mène qui a pris de l’ampleur depuis 2019, et ne cesse de s’accélérer jusqu’à cet hiver 2022, les méga- fusions entre ZF ou Wabco, entre Cummins et Meritor (la dernière en date puisque annoncée fin février 2022), ou entre BorgWarner et Del-
MOBILITÉS MAGAZINE THÉMATIQUE - MARS 2022 - 23
 

























































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