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                 Politique & institutions
lement. « Mais attention ! Pour le moment, c’est un grand fiasco, alerte olivier guix, le syndicaliste de la cgt. Pas un seul guichet fermé ne réalisait moins de 600 000€ de vente par an. Une gare mobile n’en capte pas plus de 20 000, péniblement. Pas sûr encore qu’on aille chercher de cette façon de nouveaux clients ! » ces camions-guichets-gares-mo- biles ont pour mission de fidéliser des clientèles par des rendez-vous réguliers avec la population, en dehors des gares. « Pour un train qui fait 5 allers-retours le matin, cinq le soir et trois en journée, la gare mobile n’est là qu’une demi- journée par semaine. Une fois sur deux le mercredi après-midi, une fois sur deux le vendredi matin. Jusqu’à un certain point, ça marche. Une vingtaine de clients passent à chaque fois. Mais c’est insuffi- sant. Je réclame au moins une présence minimale en gare même si je dois, pour le moment, laisser passer cette période transitoire d’essai », raconte Bernard morilleau, à Sainte-Pazanne.
Maires à la rescousse, gares « intermodales »
Dans les faits, les maires des petites communes sont largement appelés à la rescousse de la SNcF. ici pour
prêter une salle à un ex-guichetier de la SNcF qui tient permanence. Là pour qu’un agent municipal ferme la gare, le soir, en vérifiant que personne n’y est enfermé alors que le matin son ouverture est automatisée. Là encore, pour trouver d’autres vocations à la gare : bibliothèques, crèches, es- paces de coworking. « Il faut réen- chanter les gares par les services au public », plaide michel Neugnot. A La Bernerie-en-retz, en Loire- Atlantique, la gare a été transfor- mée maison des historiens. tout un symbole !
Autre orientation à succès, confier des automates de vente à d’autres que la SNcF dans les gares ou en dehors d’elles pour qu’ils assurent la vente de billets de trains. A Fontenay-le-comte, en vendée, c’est Sovetours, la grande société locale de transports départemen- taux et scolaire, qui a repris le guichet et en fait un point de vente « intermodal » de billets de transports publics. Dans les plus petites communes, c’est plutôt dans les commerces (bureaux de tabac, supermarchés) que ça se passe désormais. « Avec notre nouvelle application de vente mo- bile, sur smartphone ou sur ta- blette, nos dépositaires vont pou- voir répondre à 90% des de-
AVEC NOTRE NOUVELLE APPLICATION DE VENTE MOBILE, SUR SMARTPHONE OU SUR TABLETTE, NOS DÉPOSITAIRES VONT POUVOIR RÉPONDRE À 90% DES DEMANDES DES CLIENTS EN BILLETS TER, TGV, INTERCITÉS.
mandes des clients en billets TER, TGV, intercités », explique Stéphanie Dommange, directrice régionale de la SNcF dans la région grand- Est, qui a lancé l’expérimentation au même poste, en Pays de la Loire jusqu’en février dernier. Sous contrat avec la SNcF, ils perçoivent 4% des ventes. « Avantage sup- plémentaire, dans des magasins ouverts 7 jours sur 7, on étend les horaires de vente », explique michel Neugnot.
Pour lui, même les mairies de- vraient se mettre sur les rangs de ce service et y percevoir, au pas- sage, quelques deniers. « Les se- crétaires de mairies, voire les maires, s’ils sont volontaires, pour- raient être formés à la vente par la SNCF », ajoute-t-il.
reste le cas, préoccupant pour tous les maires des petites com- munes des personnes qui, pour une raison ou une autre, ont besoin - voire droit - à un service et à une certaine égalité de traitement. Bernard morilleau, à Sainte-Pa- zanne raconte : « Qu’est-ce que vous attendez pour embaucher quelqu’un pour nous aider à ache- ter un billet de train ou dans nos démarches sur le site de la Caisse d’allocations familiale ?, m’a dit une personne. Elle était émotive. Je la sentais démunie. Elle m’a touchée. Et je vois bien que cette difficulté d’accès à l’information et aux services publics peut tou- cher beaucoup de personnes dont les enfants ne sont pas alentour qui ont plus ou moins de relation avec leur voisinage. Ce sont les maires qui sont sollicités face à cela ». Si la SNcF a sans doute rai- son de réformer ses guichets en arguant, comme le fait Franck La- croix que « 75% des Français ont un smartphone », mieux vaut ne pas oublier que c’est à d’autres que revient de définir les services publics.z
HUBERT HEULOT
   MOBILITÉS MAGAZINE 25 - AvriL 2019 - 27
 






















































































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