Page 30 - MOBILITES MAGAZINE n°16
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                               Opérateurs & réseaux
 Deux régions, des intercommunalités en croissance
A la multiplicité de ses activités, une force et une faiblesse, l’en- treprise ajoute le travail dans un territoire plus bousculé que d’autres par les nouvelles réorganisations administratives. « Changements pas très rassurants ! », glisse Eric Etienne. Le Grand Poitiers passe de 13 à 43 communes, occupant à lui seul la partie centrale du dé- partement jusqu’à la frontière avec la Charente. Au nord, l’agglomé- ration du grand Châtellerault s’af- firme aussi. Eric Etienne s’inquiète donc de la « grande bascule »,
Quatre cars de grand tourisme pour le transport occasionnel vers le Futuroscope, notamment.
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Un atelier en interne de mécanique, peinture et carrosserie permettant d’économiser sur le temps d’immobilisation et de suivre précisément le matériel.
surtout en garde contre la tentation de ne pas le considérer comme facultatif dans le paysage local. Il avertit : « nous ne continuerons pas de faire des efforts à n’importe quel prix ! Nous garderons notre identité, au groupe Fast, notre côté humain dans le transport. Parce que c’est la meilleure façon de ren- dre le service. De conduire nos équipes le mieux possible dans le sens du service du public ».
Source d’innovations
Eric Etienne estime que les Rapides du Poitou sont une vieille entreprise (80 ans) plutôt moderne. « Nous nous adaptons sans cesse. C’est la façon la plus sûre d’assurer notre pérennité. Nous innovons au-delà de notre cahier des charges, dans le pur esprit de la délégation de service public », précise-t-il.
Et de mentionner la dernière trou- vaille à son actif : des « bornes mobiles » installées par le biais de la géolocalisation auprès de chaque car scolaire. une application sur téléphone, simple, reliée au sys-
tème d’exploitation de l’entreprise lance une alerte quand le conduc- teur n’a pas signalé sa prise de service en entrant son code sur le smartphone.
L’entreprise réagit en l’appelant. Ou envoyant quelqu’un sur place. Réactivité, proximité, la nouveauté a été « vendue » au département de la Vienne.
De la même façon, l’entreprise n’a pas ménagé sa peine pour ac- compagner le département dans la mise en route de sa billettique informatique, du badge sans contact pour tous les élèves, la mesure de la fréquentation des lignes. « Nous avons dit oui tout de suite, largement participé aux essais et contribué ainsi à la géné- ralisation du système », signale Eric Etienne.
Autre exemple, les Rapides du Poitou font la promotion auprès de la Région d’un système d’échange et de collecte d’infor- mation plus interopérable que jusqu’ici. « Tout ceci nous permet de nous démarquer », insiste-t-il. Après tout, un film est-il envisa- geable sans second rôle ?
Eric Etienne se fait, en retour, avo- cat de la non-exacerbation de la concurrence dans les appels d’of- fres régionaux, d’un prime au sor- tant, de décisions restant prises, pour une part au moins, par des services transports plutôt que par d’anonymes services d’achats, « comme c’est le cas quand les structures grossissent », de l’ap- préciation de la qualité du service rendu plus seulement sur décla- rations des opérateurs eux-mêmes. Et d’une réflexion approfondie, par les autorités organisatrices, sur la longévité du matériel pour s’assurer de travailler dans le sens du dé- veloppement durable.
A l’écouter, la défense du travail bien fait reste un combat. Mais il est tout prêt à le mener. z
TEXTE ET PHOTOS : HUBERT HEULOT
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  sans doute l’an prochain, du trans- fert de la compétence interurbaine du département vers la Région et les agglomérations. « Est-ce que la Régie des transports poitevins voudra tout faire toute seule sur le Grand Poitiers ? », s’interroge-t-il. Quant à l’administration du trans- port scolaire par la Région, il a eu maintes fois l’occasion de s’en in- quiéter, en tant que président, jusqu’à récemment, de la FnTV de la Vienne : « Continuerons-nous à garantir un service public de proximité en milieu rural? » Comme d’autres, il se soucie de la généralisation des marchés passés sur une durée de quatre ans seu- lement, des parcs d’occasion qui sont déjà pleins de véhicules qui ne valent plus rien à cause de la transition énergétique. Mais il met
Si la régie veut faire toute seule le nouveau Grand Poitiers, nous n’aurons plus que nos yeux pour
pleurer !
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