Page 55 - MOBILITES MAGAZINE N°19
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Technologies & innovations
et non de véhicules. Mais aussi à cause d’un concept cher à son di- rigeant, Wang Chuanfu, qui consiste à favoriser au maximum l’intégra- tion verticale.
Décidant un jour de 2003 de fa- briquer aussi les véhicules que ses batteries devaient alimenter en électricité(1), BYD semble avant tout vouloir s’appliquer à fournir aux marchés ciblés les produits qu’ils attendent.
Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle de certains ténors de la nouvelle technologie (Apple pour ne pas le nommer), qui n’a longtemps intégré les « ingé- nieurs » dans sa démarche produit qu’en toute fin du processus de conception.
Pas question ici de s’interroger sur la légitimité écologique du choix de la transition électrique pour la mobilité, considérée « du puits à la roue », ou en termes de durabilité des ressources nécessaires à la production des éléments de bat- terie.
Le mouvement mondial est dés- ormais lancé et, pragmatiques, les dirigeants de BYD veulent profiter de cette vague, d’autant que la
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Isbrand Ho, directeur général de BYD Europe
Chine est le marché le plus porteur qui soit pour le moment(2).
« Lorsque nous considérons le marché automobile dans son en- semble, explique ainsi Isbrand Ho, directeur général de BYD Eu- rope, nous en venons à considérer qu’avec la transition énergétique actuelle, le paysage industriel sera immanquablement très différent demain. Prenez l’exemple du té- léphone portable. Avant la révo- lution du smartphone, des marques comme Motorola ou Nokia domi- naient tout. Bien d’autres acteurs pèsent aujourd’hui beaucoup plus lourds qu’elles sur ce marché... »
Le pari européen
Fort de ses succès sur un marché chinois de la batterie en « très » forte expansion, BYD décide donc de s’installer en Europe en 1998 en positionnant le siège de cette branche à Rotterdam( 3), et prend son temps pour affiner sa connais- sance des autres marchés. Une analyse qui aboutit à la signature d’un partenariat industriel avec le britannique Alexander Dennis en 2015, à la construction d’une usine de production de bus en Hongrie en 2017 (capacité de 400 véhi- cules/an), et devrait ouvrir avant la fin d’année un site d’assemblage
Le secteur des monorails est la dernière division créée par BYD, en 2011. il a mobilisé une équipe d’un millier d’ingénieurs spécialisés et 62,5 M€ d’investissement. Le premier projet, le SkyRail, a été présenté en 2016 et se veut destiné aux agglomérations en fort déve- loppement et qui disposent d’es- paces.
L’industriel le présente comme sus- ceptible d’absorber un flux de 10 à 30 000 passagers/ heure, avec une vitesse maximale de 80 Km/h. BYD annonce un coût de réalisation cinq fois moins onéreux que celui d’un métro ou d’un tramway. Le premier SkyRail a été mis en service à Yin- chuan en mai dernier. Selon le constructeur, une vingtaine d’ag- glomérations serait actuellement
intéressées dans le monde.
Le Skyshuttle est un métro aérien au- tomatique sur pneus d’une quinzaine de mètres de long, destiné cette fois aux villes de tailles plus modestes, ou comme service de rabattage vers des lignes structurantes (métro ou train). il est donné avec une capacité de 6000 passagers/h, à une vitesse maxi- male de 40 km/h.
LE MARCHÉ DES MONORAILS
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