Page 18 - Voyages et Groupe N°06
P. 18
5questions à
Lionel Le Ru,
président du Syndicat des petits trains touristiques routiers (SEPTR), également propriétaire et exploitant à Quimper, Concarneau et Bénodet
Voyages & groupe : pouvez-vous nous présenter en quelques
mots le syndicat ?
Lionel Le Ru : il a vu le jour en 1995, après une première mobilisation de quatre ou cinq exploitants du département de l’Hérault qui ont souhaité s’unir pour résoudre un problème local. De cette première initiative est fort logiquement née l’idée de regrouper l’ensemble des exploitants opérant sur le territoire hexagonal. En 1995, ils étaient une trentaine d’adhérents, aujourd’hui nous sommes une cinquantaine, représentant une centaine de petits trains (un exploitant peut avoir plusieurs véhicules, ndlr). La plupart d’entre eux opèrent en ville, et ce sont majoritairement des privés. Le syndicat a, par ailleurs, adhéré à la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV).
V&G. : depuis quand les petits trains touristiques se sont
développés en France?
L.L.R. : les premiers sont apparus dans les années 70, dix ans plus tard, ils ont com- mencé à véritablement se développer, notamment auprès de la clientèle adultes. Auparavant, ils étaient plutôt considérés comme des « manèges » pour enfants. Mais, ce sont les années 90 qui ont marqué leur véritable essor. On estime à environ 400 le nombre de petits trains circulant en France aujourd’hui. Depuis quelques années, le marché s’est stabilisé. Les nombreuses villes ou sites à forte notoriété touristique ont pour la majorité d’entre eux leur petit train... , et les uns ne vont pas sans les autres. La présence d’un petit train est indubitablement liée au territoire à forte connotation touristique.
V&G. : diriez-vous que l’activité est rentable ?
L.L.R. : la majorité des exploitants n’ont qu’un seul petit train, l’activité se doit donc d’être rentable ! Si au bout de trois ans, l’a aire ne marche pas, mieux vaut arrêter. Il faut savoir qu’un véhicule coûte entre 210 000 et 350 000 euros, c’est un gros in- vestissement, et nombre d’exploitants préfèrent démarrer leur activité avec des vé- hicules d’occasion. Si un petit train est positionné dans une ville à forte notoriété touristique, c’est évidemment un plus. Au-delà de l’acquisition du matériel, il y a la nécessité d’être en bonne relation avec la municipalité, et de bien négocier le bon lieu de départ ! Il faut reconnaître que rares sont celles qui voient l’arrivée d’un petit train d’un mauvais œil, conscientes du béné ce qu’elles peuvent en tirer.
V&G. : que représente la part des groupes dans la clientèle?
L.L.R. : elle est très variable et dépend du positionnement du petit train. Sur des sites balnéaires, par exemple, les individuels sont beaucoup plus nombreux. En ville, c’est l’inverse ! Et là, les groupes peuvent représenter jusqu’à 40% du chi re d’a aires d’un exploitant. Cette clientèle n’est pas négligeable, elle apprécie cette prestation qui allie confort et convivialité. Et pour les groupes qui ne souhaitent pas trop marcher, avec l’opportunité de la découverte touristique, c’est idéal ! Il ne faut pas oublier non plus que la capacité d’un petit train est équivalente à celle d’un autocar...
V&G. : quelle a été l’évolution de la profession?
L.L.R. : au début de l’activité, il n’y avait pas de réglementation spéci que. Il a fallu attendre plusieurs années (et notamment l’arrêté du 2 juillet 1997, ndlr) pour que les petits trains touristiques routiers soient véritablement considérés comme un transport à vocation touristique. Qu’ils ne soient plus assimilés sous le code APE « manèges forains et parcs d’attractions », mais s’inscrivent dans « autres transports de voyageurs ». Parallèlement, la réglementation a évolué, et la profession s’est adaptée, il en a été de même du côté des constructeurs. Aujourd’hui, les matériels proposés à la clientèle sont de bonne qualité, tant sur le plan technique qu’au niveau des équipements annexes.
Produit groupe par excellence, apprécié par ce e clientèle, les petits trains touristiques sont légion! Dans les villes, en bord de mer, au sein des parcs d’a ractions, dans les vignobles...
rapport aux mêmes mois de l’an- née précédente, poursuit-il, avec une clientèle qui se partage à parité entre individuels et groupes, elle est francophone, mais aussi germanique, anglo- phone et néerlandaise ». Le Vi- siotrain, qui parcourt 10 000 km par an et accueille une cinquan- taine de passagers, propose à bord des commentaires en 11 langues. « C’est une activité bien sympa, et pour les clients groupes un produit idéal qui leur permet une première découverte pano- ramique d’une ville », résume Christophe Girardot.
A l’instar du Groupe Pierre Gi- rardot, le petit train touristique de Belfort - après des années de fonctionnement erratique - est, lui aussi, désormais aux mains d’un autocariste depuis juillet 2016 : LK (Voyages Lucien Kune- gel). « La ville a lancé une délé- gation de service public, elle cherchait un propriétaire/exploi- tant, nous nous sommes posi- tionnés et nous avons été retenus, explique Emmanuel Vermot-Des- roches, son directeur général.
18 - VOYAGES & GROUPE 06 - Juillet 2017
Grand angle