Page 28 - Voyages et Groupe N°06
P. 28

                 Il y a cependant un point sur le- quel tous les intervenants étaient unamimes : « grâce à Laurent Fabius (alors ministre des A aires étrangères, ndlr), le tourisme n’a jamais fait autant parlé de lui »...
Un manque de stratégie
« Le tourisme n’est une pépite pour la France, renchérit Didier Chenet, une industrie forte qu’il faut soutenir et encourager ». Un secteur qui nécessite une réelle prise en compte. « Le tourisme est une multitude de PME », pour- suit-il, mais des PME qui doivent faire face à une administration française championne des normes ! « Les pouvoirs publics doivent donner un coup de main, car les seuls investissements qu’elles réalisent ne portent que sur des mises aux normes », mar- tèle-t-il. Des investissements que David Lisnard évalue à 20%. Et David Chenet de renchérir en pointant du doigt « la concurrence déloyale avec l’arrivée de nou- veaux hébergeurs, comme Airbnb et les particuliers, face au secteur de l’hôtellerie, tous pro ls d’éta- blissements confondus ». Pour lui, « les dés sont totalement pi- pés », encourageant de fait la fraude  scale. « Il y a de la place pour tout le monde mais la concurrence doit être loyale, les mêmes règles pour tous ! », lance- t-il. Question d’éthique.
Mais, au-delà des problématiques rencontrées par chaque secteur de la chaîne touristique, le dé  est bel et bien aujourd’hui pour la France de faire face à une concurrence touristique interna- tionale et mondiale. Et une des premières solutions serait sans doute de donner plus de moyens à Atout France. Financièrement parlant. « Le tourisme, c’est com- pliqué et complexe », dit Frédéric Pierret, directeur général de l’Al- liance 46.2, et de constater :
”
seule, son o re touristique doit se travailler par marché, par thé- matique, par territoire ». Et de citer l’Allemagne en exemple « à travers son positionnement multi- spécialiste, et non pas généra- liste », un pays voisin « qui nous a pris des parts de marché » et doté d’un budget adapté à ses objectifs. Et David Lisnard d’in- sister sur la nécessité de « penser la promotion du territoire hexa- gonal par marque ».
« Il faut partir des marchés émet- teurs et voir l’o re qu’on peut proposer, estime Frédéric Pierret. Mais, le problème chez nous est que l’on n’a perdu la notion de prospective, cette capacité à ré- fléchir sur le long terme ». Se poser la question de savoir com- ment les marchés vont évoluer. Pour lui, il faut « d’ailleurs s’in- téresser aux marchés plus loin- tains ». Et ne pas lancer « un ob- jectif irréaliste de 100 millions de touristes en 2020 ». Un chi re, semble-t-il, sorti de nulle part... « Nous avons besoin d’une po- litique publique en concordance avec ce que peuvent faire les entreprises, conclut Frédéric Pier- ret. Cela s’appelle de la straté- gie ». Ce qui manque à la France depuis maintenant de longues années. z
TEXTE ET PHOTOS : CATHERINE MAUTALENT
        Nous avons besoin
  d’une politique publique en concordance avec ce que peuvent faire les entreprises. Cela s’appelle de la stratégie. ”
« nous perdons des parts de mar- ché, nous sortons d’une crise sé- rieuse (-16 milliards d’euros per- dus pour le tourisme français), 90% de petites entreprises font du tourisme, le panier moyen dépensé par les touristes sur notre territoire est bien inférieur que dans d’autres pays, le dé cit en terme de l’accueil... ».
Pour Christian Mantéi, directeur général d’Atout France, « la France n’est pas un marché à elle toute
                                       28 - VOYAGES & GROUPE 06 - JuiLLEt 2017
 Evénements





















































































   26   27   28   29   30