Page 30 - MOBILITES MAGAZINE N°15

Opérateurs & réseaux
fourmilière. Le big-bang est en cours. Nous avons quelques se- maines, quelques mois pour tout recréer. La transformation est en cours et le champ des possibles est très ouvert. Nous en saurons bien plus à la lecture du projet de loi. Ce que nous savons, c’est que nous connaissons bien l’écosystème du transport. Que l’emploi y progresse très fortement : 19 100 de plus l’an dernier, 47% de plus qu’en 2015. Que 84% diplômés de nos forma- tions trouvent un emploi dans les six mois. Nous considérons que le secteur du transport souffre moins d’un problème de formation que d’anticipation des besoins, autrement dit d’une meilleure gestion prévi- sionnelle des emplois (GPEC) dans les entreprises », explique Jean-
Marc Dubau, le président de l’opcA. beaucoup sont de son avis. « L’OPCA a fléché les fonds de la formation professionnelle sur des besoins tou- jours significatifs pour les entre- prises », plaide par exemple, Vincent baldy, directeur adjoint du déve- loppement à l’Aftral.
En référence à l’ADEc (Action de Développement de l'Emploi et des compétences) dont le bilan est en cours, après trois ans, de mise en œuvre. Elle porte notamment sur les passerelles pour conducteurs entre transport de marchandises et de voyageurs, sur la gestion de leur stress et des conflits, sur la conduite rationnelle et préventive. « La branche a toujours été très mobilisée sur ses besoins de for- mation, renchérit Loïc charbonnier.
L’Aftral, par exemple, et nous ne sommes pas seuls, est présente dans 120 villes. Peu de branches comme la nôtre disposent d’une école de cadres comme l’ENSTV (Ecole nationale supérieure de trans- port de voyageurs). Sans cela, notre situation serait bien pire ». Les pé- nuries de mécaniciens ou de res- ponsables d’exploitation ne relè- veraient pas d’une bévue du sys- tème ? « Mécanicien, ce n’était pas exactement dans nos métiers », argumente simplement Loïc char- bonnier. Dans quelques années, il sera intéressant de regarder com- ment le nouveau système de for- mation professionnelle mis en place aujourd’hui aura résolu ce genre de problèmes. z
HUBERT HEULOT
Conducteurs : dépasser les recrutements dans l’urgence ?
l’etat décide de payer 75% de la formation des nouveaux conducteurs. le secteur du transport de voyageurs avance de nouvelles idées pour limiter leur nombre.
30 - MoBilités Magazine 15 - MAi 2018
« Nos besoins atteignent un volume fou ! » Yannick Ha- monou, président de la commission sociale et formation de la Fédération nationale du transport de voyageurs (FnTV), s’alarme. De nouveaux chiffres lui donnent raison : 530 nouveaux conducteurs entrent en formation pour la prochaine rentrée en pays de la Loire, alors que les besoins ne dépassaient pas 400 les autres années; 22 363 postes cherchent preneur dans le transport (marchandises et voyageurs), selon un comptage de l’automne dernier, dont 16 646 conducteurs, 653 ex- ploitants, 434 mécaniciens. Dans
ce contexte, le gouvernement a pris une (bonne) mesure d’urgence : pôle-Emploi paiera au trois quarts le coût de la formation de nouveaux conducteurs. « Les Pouvoirs Publics réalisent que nous pourrions ne plus être en mesure bientôt d’as- surer les services que l’on nous demande, et qui s’accroissent, com- mente Yannick Hamonou. Consé- quence, Pôle-Emploi va peut-être mieux promouvoir nos métiers au- près des demandeurs d’emploi ».
Le temps partiel mal perçu
Mais la compétition est vive. D’au- tres secteurs en manque de bras
bénéficient de la même mesure. « Des formations financées à l’avance c’est bien beau mais ça n’amène guère de candidats à nos réunions d’informations. Un coup il y en a, une autre fois, il n’y a per- sonne », raconte un représentant de la FnTV bretagne.
Le secteur doit améliorer son pou- voir de séduction. Les cars Ma- cron ont amélioré son image. « Ils ont ouvert des perspectives aux salariés. Des conducteurs de cars scolaires ne manquent pas de se convertir à la ligne régulière. Les métiers du transport de voyageurs en général sont également consi-