Page 36 - MOBILITES MAGAZINE N°23
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                             Politique & institutions
            slovaque qui essaimerait en Europe centrale vers Prague et Budapest, des pays ou le concept peut être plus facilement mis en œuvre que dans des pays très équipés en in- frastructures de transport publics. Tandis que le Canadien Transpod vise précisément le corridor Mont- réal-Toronto, associé à des entre- prises de l’aérospatiale, des uni- versitaires et des cabinets d’ar- chitecture et d’environnement. Transpod et HTT ont également des vues la France avec des idées géographiquement toutes aussi précises que réduites à des effets d’annonce à la suite de traits des- sinés sur une carte(3).
Plus concrètement, Transpod an- nonçait début 2018 la création d’un site d’essais près de Limoges. Site qui serait installé sur d’anciennes emprises ferroviaires(4).
Alors qu’HTT mettait en place un centre r & D sur le site aéropor- tuaire de Toulouse-Francazal.
L’inépuisable rêve
américain ?
Des questions fondamentales res- tent toutefois sans réponses. Concernant le concept technolo- gique et la fonctionnalité de l’Hy- perloop et ses retombées éner- gétiques et environnementales. Ainsi, sa consommation énergé- tique réelle reste floue, et on ne peut se satisfaire de l’effet d’affi- chage des panneaux solaires. il en va de même de la sécurité des circulations et des voyageurs( 5), ainsi que des conditions de confort de passagers qui voyagent dans
un véhicule sans fenêtres.
Que dire aussi de l’impact envi- ronnemental sur terre, sous l’eau et dans l’espace urbain des « tubes » et des « mini- viaducs » du système ?
Enfin, aujourd’hui encore, les coûts ne sont qu’indicatifs, voire opaques(6). Dans la mesure où le modèle économique est toujours en gestation, en dépit de levées de fonds successives qui intéres- seraient pas moins de 137 accords de type joint-ventures, mais qui n’ont finalement atteint que moins de 100 M$(7).
On peut aussi estimer qu’à son
étape actuelle, le concept de l’Hy- perloop ne se fonde finalement que sur un mélange virtuel qui as- socierait un optimisme technolo- gique sans bornes à des ressources financières à venir apparemment sans limites. Deux composants aussi essentiels qu’incontourna- bles... de la fabrication du rêve américain !
Toujours plus vite et toujours plus ! La course à la vitesse maximale, technologies d’avant-garde à l’ap- pui, ne serait-elle que l’une des formes des besoins de pouvoir, moyens financiers colossaux à l’ap- pui et profits toujours plus juteux en conséquence ?
Pourtant cette course n’est pas vaine. Puisqu’elle illustre un para- doxe maintes fois vérifié histori- quement. Même si l’Hyperloop ne se concrétise pas tel qu’il était imaginé, il fait avancer des connais- sances et de nouveaux savoir- faire technologiques. Quitte à pro- fiter au développement de re- cherches plus classiques. Dont le chemin de fer avec son roulement roue-rail... non moins classique !z
MICHEL CHLASTACZ
 36 - MObiLiTÉs MagazinE 23 - FévriEr 2019
1) Que devient cette option dans les régions peu ensoleillées ou dans les sections sous-marines ?
2)« Hyperloop One », est liée chronologiquement au groupe Tesla qui na pas déposé de brevets. HTT (Hyperloop Transportation Technologies) a été fondée par Dirk Ahlborn et « Transpod » est une société canadienne fondée à Toronto par Sébastien Gendron.
3) Lyon-Saint-étienne en moins de dix minutes et Bastia-Cagliari en une demi-heure ! 4) Comme la piste de l’aérotrain était installée à Limours sur la partie abandonnée de
l’actuel rEr B.
5) En cas d’incident comment évacuer des voyageurs enfermés dans une capsule
enserrée dans un tube ?
6) L’investissement de 6 à 7 Mds$ (5,5 Mds€) été évoqué pour créer la ligne San
Francisco-Los Angeles apparaît rien moins que fantaisiste !
7) Dont la SNCF ! Ce « pas de côté » par rapport à son cœur de cible ferroviaire
semble viser les retombées du système. Comme il y a un demi-siècle l’aérotrain avait stimulé le TGv.
       








































































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