Page 38 - MOBILITES MAGAZINE N°23
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 Politique & institutions
                    modes doux/Collectivités
Vélo, marche, ces in
L’Etat s’est doté d’un plan : c’est la première fois qu’il investit dans le vélo. Mais derrière lui, peu nombreux sont finalement les élus en charge des transports, hormis dans les grandes villes, qui ont compris que le vélo, la marche et tous les modes de déplacements doux devaient devenir une priorité pour tous.
  Le 22 septembre dernier dans les Hautes-Alpes, à Saint- Léger-les-Mélèzes, se dé-
roulait le congrès de l’association des maires ruraux avec Elisabeth Borne, ministre des transports, in- vitée dans l’après-midi. Elle évoque le plan vélo qu’Edouard Philippe, le Premier ministre, a présenté une semaine plus tôt à Angers, prévoyant notamment un fonds et un appel à projets ouvert à toutes les communes pour éliminer les discontinuités cyclables, la mi- nistre l’évoque. Elle s’est fait huer, siffler à chaque fois qu’elle pro- nonce le mot vélo. « J’ai compris qu’il existe une incompréhension totale de ce que le gouvernement veut faire autour du vélo », raconte Olivier Schneider, président de la
Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB), lui-même invité à ce congrès. Ajoutant : « C’était hallucinant ! Le vélo n’était clairement une solution pour rien. Ces maires-là veulent continuer comme avant. C’est tout ! » Lui-même a pu prendre la parole. Certains maires à qui il proposait d’expliquer « comment relever le défi de la part de mobilité possible à vélo dans leur com- mune » sont venus s’informer au- près de lui. Mais, ce jour-là, le vélo a fait figure d’épouvantail. « Après le 80 km/h et la hausse des tarifs des carburants, le gou- vernement n’a rien trouvé de mieux qu’un plan vélo ! », a même lâché Vanik Berberian, président de l’association. Une colère à com-
prendre dans le climat qui a conduit, deux mois plus tard, au démarrage du mouvement des gilets jaunes. La réaction aurait sans doute été différente devant des présidents de grandes agglomérations. Mais l’épisode montre à quel point l’his- toire entre les élus et le vélo comme solution de transport col- lectif, voire de santé publique, reste très largement à écrire au pays de Renault, Peugeot et Citroën. « Partout, le vélo est au mieux considéré par les élus comme un sujet sympathique, mais il n’est guère pris au sérieux. Les plus cyclables des villes françaises, Strasbourg, Grenoble, font moins bien qu’en Allemagne ou au Pays- Bas il y a 15 ans », résume Olivier Schneider.
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