Page 41 - MOBILITES MAGAZINE N°23
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                   a une économie à trouver, elle se fait souvent sur son dos. « Pour- tant, partout en Île-de-France, les abords des gares regorgent de vélos en stationnement sau- vage. Mais attention à ne pas se tromper d’échelle, et à confondre confort de quelques-uns avec vé- ritable politique de transport. Aménager quelques places de stationnement pour les 35 vélos qui s’agglutinent à l’entrée d’une gare ne facilitera pas la vie de milliers de cyclistes potentiels, comme le feraient des parkings de grande capacité », indique Oli- vier Schneider.
Un problème désormais régional
Cette question se pose dans toutes les Régions, essentiellement le long de leurs lignes TER. Rendre possible, grâce à des parkings sé- curisés, le rabattement sur les gares à vélo n’est pas à négliger dans des petites villes pas toujours équipées de lignes de bus. Mais les Régions aideront-elles les com- munes et intercommunalités à s’en doter ? C’est la question que se pose Xavier Bonnet, maire (LR) de Clisson (54 000 habitants) en Loire-Atlantique. Et il investit plu- sieurs millions d’euros dans 40 km de pistes cyclables pour faire du vélo un moyen de déplacement majeur.
Autre chantier de plus en plus crucial, l’acceptation des vélos à bord des trams et des trains. Cette forme d’intermodalité a progressé, mais sans doute pas assez vite. « Aucune commune mesure avec ce que l’on constate en Allemagne où c’est très facile. Je crois beau- coup à ce levier-là pour faciliter les mobilités. Sans doute faut-il une prise de conscience sur le sujet et une modification des ca- hiers des charges transmis aux constructeurs de trains », indique Stéphane Schulz, fondateur du ca-
N Anthonin Darbon, directeur d’exploitation de Cyclocity, groupe JCDecaux :
“ La location de vélo longue durée et les services autour, ici à Nantes va s’enraciner parce que convertir les gens au vélo va prendre du
temps ”.
binet 15 marches et conseiller dans le domaine du transport public. Les Régions, autorités organisatrice des mobilités comme les grandes villes, depuis la loi MAPAM de 2014, vont devoir se préoccuper aussi du développement vélo sur leurs territoires. D’autant que la LOM leur confie les zones blanches de la mobilité. Certaines, toutefois, s’y sont déjà mises. Auvergne- Rhône-Alpes a inscrit son itinéraire vélo d’intérêt européen (Valence, Lyon, Genève, etc.) dans son schéma de mobilité régionale, et elle va cofinancer les collectivités qui l’utiliseront pour développer leur propre mobilité douce à coup de pistes, de parkings, et de ser- vices.
D’autres Régions, comme la Nou- velle-Aquitaine, se lancent tout juste.
« Un risque demeure qu’elles continuent de ne penser au vélo que pour développer le cyclotou- risme sur leurs territoires. Pourtant, il est démontré qu’à l’abord des villes, les grandes routes qu’elles ont tracé pour faire venir les cy- clotouristes, sont très utilisées en- tre 7h et 9h le matin, et le soir aux mêmes heures de pointe. Donc pas par les touristes ! » fait
remarquer Olivier Schneider.
A Annecy, la piste pensée à l’origine pour les promenades autour du lacs connaît des pics de fréquen- tation à 10 000 vélos par jour, et la ville étudie son agrandissement.
Des collectivités parfois réticentes
Les Régions ne montrent pas toutes le même enthousiasme pour le vélo.
Olivier Schneider a douté par exem- ple de la mobilisation de Région Île-de-France sur les mobilités douces quand Valérie Pécresse, sa présidente, a accueilli le plan vélo du gouvernement, en s’étonnant de l’implication de l’Etat sur cette question. Sur l’air de : « nous avons plutôt besoin que l’Etat nous aide à entretenir les routes. Le vélo, nous savons déjà très bien le faire ». Ce qui fait bondir Olivier Schneider devant les be- soins, selon lui criants, de vélo en Île-de-France. Pour lui, ce mode fait partie des solutions pour atté- nuer le clivage ville-périurbain que les gilets jaunes ont propulsé sur le devant de la scène.
« Nous insistons de notre côté pour que les Régions soient res- ponsabilisées par la LOM en leur demandant d’écrire un schéma des mobilités douces », explique ainsi Chrystelle Beurrier, présidente de l’ancienne association des Dé- partements et Régions cyclables, rebaptisée Vélo et Territoires pour accueillir les communautés de com- munes qui vont devenir prépon- dérantes sur ces questions.
Pour elles, tous les territoires en France ont la chance de pouvoir s’appuyer sur les voies vertes et les véloroutes qui ont déjà été développées depuis longtemps par les départements puis par les Ré- gions, à l’origine pour le tourisme. C’est un schéma de 22 000 kilo- mètres en site propre pour les vé- los, dont 60% est déjà réalisé.
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