Page 10 - MOBILITES MAGAZINE N°30
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  Une Chose deVient Certaine
partiel irriguent l’ensemble des ter- ritoires, y compris ruraux). Le phé- nomène, de plus, ne serait pas strictement national. conséquence : une majorité d’en- treprises non urbaines peine à re- cruter. Pire, les transports urbains, qui offrent des conditions de temps de travail et de rémunération meil- leures que les transports non ur- bains, connaissent maintenant des difficultés, c’est désormais admis publiquement et a pour consé- quence une baisse de l’offre, une réduction du cadencement. Les moyens ne suivent donc pas la volonté politique, malgré de bons résultats (notamment en Ile-de- France, avec des belles progressions de fréquentation).
Mais ce qui pose surtout problème, ce sont les difficultés de recrute- ment dans les « territoires ». Dans les transports non urbains (lignes régulières et services scolaires), 68% des établissements déclaraient en effet en 2018 (contre 53% un an plus tôt) éprouver des difficultés pour recruter. Il n’est pas rare que des services scolaires (principale- ment concernés par le temps partiel subi) soient annulés, faute de conducteur. Les rentrées se dé- roulent sous tension, a fortiori lorsque l’établissement se trouve à proximité d’une agglomération
qui elle peut offrir du temps plein (effet de bord).
L’attractivité du secteur est posée
traditionnellement, l’activité de transport scolaire constitue l’activité principale, parfois exclusive des autocaristes (excepté le cas du tourisme et du transport occasion- nel, activité non négligeable, mais qui n’est pas traitée par cet article). ce service concerne 4,25 millions (soit 33%) des élèves français qui se rendent à l’école en transports collectifs, dont 1,43 millions sur des circuits scolaires hors agglomération. Pourtant, les conducteurs sur les- quels repose cette mission essen- tielle de transporter les enfants à l’école doivent se lever très tôt le matin pour ne parfois travailler que 3 heures par jour (au volant d’un autocar qui ne roulera lui aussi que 3 heures par jour, soit environ 17000 km par an, ce qui est peu). L’attractivité du métier est posée, au-delà, c’est tout un secteur qui est touché.
La segmentation extrême à laquelle on a assisté depuis une dizaine d’années, la séparation des activités périscolaires des activités scolaires, et la logique inhérente aux appels d’offres, ont conduit, peu à peu, à une impasse : celle du manque de
 si la pénurie devait s’installer dans la durée, elle serait en contradiction avec les objectifs affichés en matière de transition écologique. C’est particulièrement vrai dans les zones peu denses, des zones où l’offre de transport collectif n’est déjà pas suffisante. Mais pas uniquement, ce qui est encore plus alarmant : les agglomérations aussi sont touchées, et non des moindres, à lyon par exemple, en septembre 2019, comme il y a un an.
le sentiment d’insécurité (et l’insécurité tout court, l’ambiance délétère qui règne parfois dans les transports collectifs) joue un rôle évidemment négatif, comme le démontre malheureusement l’actualité récente à Villeurbanne(*).
*) Lyon, 20 minutes, septembre 2019 : Les chauffeurs de bus inquiets pour leur sécurité réclament davantage. Après la récente agression mortelle à Villeurbanne et l’attaque d’un conducteur à coups de mar- teau, les chauffeurs de bus font part de leur inquiétude pour leur sé- curité.
 FaCe à Une telle sitUation, QUel reMède ?
 la question se pose avec d’autant plus d’acuité que s’engagent, ce mois-ci, de nouveaux travaux à l’assemblée sur un projet de loi des mobilités qui est destiné à fixer les nouveaux enjeux en la matière et proposer de nouvelles solutions, notamment organisationnelles. Qu’on se le dise ! les transports routiers de voyageurs peinent à recruter, et ils recruteraient d’autant plus facilement si le permis était accessible à 18 ans, et non à 21(*). soit. le secteur offre des emplois non délocalisables, ce qui n’est pas rien. et il n’est pas négligeable : il comptait, en 2017, près de 99 000 salariés en France, dont 84% sont des conducteurs. Pourtant, l’analyse de quelques-uns des principaux indicateurs de la profession ne cessent d’être alarmants :
- 48% des salariés de ce secteur ont plus de 50 ans ;
- 45% travaillent à temps partiels (le plus souvent
contraints) ;
- les contrats à temps partiel, et en particulier les
« CPs » (Conducteur en Période scolaire), n’offrent sur l’année qu’environ un tiers de temps plein rémunéré à un salaire horaire proche du sMiC (soit, sur l’année, de l’ordre de 6 263 € bruts pour 550 heures garanties pour un conducteur sans ancienneté, et 7 200 € bruts par an pour un conducteur avec 5 ans d’ancienneté).
*) Des propositions d’amendement ont été déposées en ce sens, mais les premières réactions sortent les transports scolaires du champ : à 18 ans, on serait trop jeunes pour pouvoir conduire des élèves, ce qui priverait la disposition de ses effets, si elle était adop- tée en l’état.
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