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micomobilité / CONCEPT
du temps, et l’on peut clairement considérer que l’instauration des ZFE-m (zone à faible émission) ou d’une ZTL (zone à trafic limité) à Paris vont dans le sens de la création de quartiers dits « apaisés » qui pourraient ressembler à l’idée que ses promoteurs se font d’une « ville du quart d’heure ». Dans ce cadre, où le déplacement auto- mobile se trouve de fait prohibé, « la micro-
mobilité joue un rôle essentiel en complé- ment des transports publics pour créer un système de mobilité fonctionnel et effi- cace à long terme. Aujourd’hui déjà, un nombre important de citadins utilise des mobilités dites douces (véhicules non ther- miques) en complément des transports publics », constatait ainsi Noemi Moya, Head of Public Affairs for Southern Europe
chez Voi Technology dans une tribune publiée en décembre 2022 par Forbes. Peut-être parce que c’est l’aspect le plus facile à modifier, la mobilité des habitants est bien le levier sur lequel les adeptes de ce concept s’exercent donc désormais. D’autant plus facilement dans les agglo- mérations les mieux pourvues en transport publics structurants (Paris en est le plus clair exemple), puisque le développement de ces derniers serait juste à compléter, voire à adapter à la marge. La « ville du quart d’heure », si elle voit jamais le jour, ne pourrait sans doute prendre que deux visages. Soit une construction ex-nihilo sur la base des quatre ou cinq principes (utopiques ?) listés par Carlos Moreno. Des principes qui, traduits en termes de mobilités, combineront des liaisons struc- turantes (il faudra bien sortir de ces havres de paix...) à une offre de micromobilités adaptés aux déplacements intramuros. Au passage, on devra s’interroger sur la place et les services proposés aux per- sonnes âgées par exemple, qui ne sont pas toutes à même d’utiliser vélos en libre- service ou trottinettes électriques... Quant aux villes déjà bâties, si l’on peut d’ores et déjà travailler aux notions de proximité, de densité, voire même d’ubi- quité, si tant est que cette dernière notion soit réellement pertinente, la mixité ne sera vraisemblablement qu’une pure vue de l’esprit tant que le prix de l’immobilier ne permettra qu’à une petite proportion de la population d’y loger.
Pierre Cossard
50 MOBILITÉS MAGAZINE 68 - JUIN 2023