Page 8 - MOBILITES MAGAZINE N°68
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Transport routier de voyageurs / TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
Le rétrofit, ultime planche de salut ?
Depuis l’arrêté du 13 mars 2020, les autocars
de plus de cinq ans peuvent faire l’objet en France d’un processus de rétrofit qui leur permet de passer d’une motorisation thermique à une motorisation électrique à batteries, ou à pile à combustible, voire de transformer un autocar diesel en véhicule fonctionnant au GNV, et donc au BioGNV.
Dans un paysage industriel où l’écra- sante majorité du parc d’autocars français circule au diesel ou au GNV, et où les alternatives électriques se comp- tent sur les doigts d’une main, cette solu- tion apparaît comme « économiquement » viable, et rapide à mettre en œuvre.
Une voie de sortie pour le Transport routier de voyageurs en mal d’offres industrielles conformes aux diverses réglementations nées de la transition écologique en cours. Une voie qui n’a pas échappé au gouver- nement, puisque le 26 avril dernier, celui- ci a annoncé le lancement d’un « Plan d’ac- tion rétrofit ». Les mesures en seront dé- taillées au cours des prochains mois, mais il entend travailler sur trois principaux axes : simplifier la réglementation ; ren- forcer les primes (dans le cadre du projet de loi de finances 2024 en cours de pré- paration) ; soutenir davantage la filière, notamment sur le volet R&D.
Le rétrofit semble donc bien offrir une so- lution vertueuse au problème fondamental de la transition écologique des quelque 67 000 autocars circulant sur le territoire
(selon un recensement de 2022). Il est vertueux écologiquement parce qu’il éli- mine le diesel, désormais jugé nocif dans le cadre de la lutte contre la production de CO2. Il apparaît aussi vertueux écono- miquement, puisqu’il prolonge la durée d’exploitation des véhicules, et nécessite des entreprises, comme des autorités or- ganisatrices (AO), un investissement moin- dre que celui dédié à l’achat d’autocars neufs, un avantage certain dans un contexte économique contraint. Les AO ne s’y sont d’ailleurs pas trompées, puisque
plusieurs d’entre elles (Auvergne-Rhône- Alpes, Nouvelle Aquitaine ou Centre Val de Loire par exemple) ont d’ores et déjà repoussé l’âge limite des véhicules rétro- fités, afin de pouvoir les intégrer dans les futurs contrats.
Dernier avantage, mais non des moindres, les différentes options disponibles à terme devraient permettre aux opérateurs de composer leurs flottes rétrofitées en fonc- tion des usages attendus. Une évolution vers des énergies multiples qui sera sans doute particulièrement complexe à gérer
Greenmot
8 MOBILITÉS MAGAZINE 68 - JUIN 2023
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