Page 38 - Voyages & Groupe n°17
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                 ment : "campagne de bosquets"), fait de boqueteaux hirsutes jaillis des pierrailles.
L'afrikaans, dialecte des colons, puis langue d'échange, enfin langue officielle du pouvoir blanc afrikaner, a marqué le vocabulaire local, même si les rancoeurs ve- nues du passé tentent de le faire disparaître.
Il reste parlé par près de sept millions d'Africains issus de cinq pays, une large majorité de non- blancs !
Gandhi et le "White only" L'excursion jusqu'au fort d'Es- howe permet de découvrir la ri- chesse de l'artisanat zoulou. On y touche du doigt - si l'on peut dire - la perte du savoir-faire, personne n'étant plus capable, aujourd'hui, de confectionner ce qui est exposé : plutôt que re- produire panier ou poterie selon des rites séculaires, les jeunes du cru préfèrent devenir créateurs à part entière et exprimer leur talent dans des arts plus inter-
nationaux. Le fort abrite les re- liques de John Dunn, commerçant anglais qui adopta si bien les moeurs zouloues qu'il devint un de leurs chefs, épousa 49 femmes et en eut 171 enfants ! Plus intéressant encore, il faut remonter jusqu'au village royal d'Umgungundlovu, dont les huttes de vannerie hémisphé- rique ont été restituées en rem- ployant les fondations de pierre d'origine.
Ici eut lieu un événement majeur du Grand Trek : l'assassinat du chef trekker Piet Retief au cours de négociations territoriales avec le roi Dingane. Le crâne défoncé par les impis du souverain, Retief et ses 70 compagnons furent je- tés aux vautours sur la colline voisine. Leurs restes ont été en- terrés à l'endroit même, sous un obélisque encore très vénéré. Passant de leur état de Voor- trekker à celui de boer (paysan néerlandophone), les colons fi- nirent par délaisser chariot, tentes et huttes pour construire une ville en dur, Pietermaritzburg (de Pieter Mauritz, noms de bap- tême de Retief).
La gare est sortie d'Il était une fois dans l'Ouest. Surpris par le contrôleur dans un wagon "white only", Gandhi y fut débarqué. A voir : la sinistre prison où il fut interné, avant Mandela et de nombreux militants contre la sé- grégation.
La ville boer a été effacée par une imposante archi coloniale victorienne. Le plus émouvant reste le musée du KwaZulu-Natal, où trône un chariot survivant du Trek, et ce monument au fils aîné de Napoléon III, engagé dans l'armée britannique et massacré par les Zoulous en 1879. Dans le jardin du musée, une jeune afri- kaner fait visiter la maison d'An- dries Pretorius, un des chefs trekkersquifonda laRépublique
 5 questions à...
Gladymar Medina directrice du réceptif Lime-DMC à Durban
  Voyages & groupe : comment a évolué le marché français des groupes, ces dernières années ? Gladymar Medina : sur notre région, il a été très calme. A titre d'exemple, sur 15 000 parti- cipants du monde entier pour la conférence sur le Sida de 2016, nous n'avons eu qu'un groupe de médecins français. Nous aimerions avoir beaucoup plus, étant à même de fournir des guides francophones, rodés aux attentes de la culture européenne.
V&G : les Européens sont très demandeurs de culture, d'histoire, d'humain... hors, on dirait que les réceptifs se focalisent sur la nature et les animaux ?
G.M. : tout-à-fait, alors que c'est un pays à l'his- toire si riche ! Après l'abolition de l'Apartheid, il y a eu tant de changements dans la culture, les arts, et notre nouvelle manière de les ressentir. Le Cap vient d'ouvrir un musée qui n'expose que des Sud-africains. Le rayonnement de Man- dela, aussi de Gandhi, a entraîné l'ouverture de plein de choses.
V&G : la préoccupation des groupistes qui se tournent vers l'Afrique du Sud, c'est la sécurité. Comment cela évolue-t-il ?
G.M. : le gouvernement est très conscient de ce problème et a, peu à peu, renforcé la sécurité des rues. Dans les faits, alors que nous travaillons sur Durban qui a mauvaise réputation, nous n'avons jamais eu un seul mécompte : nous sa- vons où l'on peut emmener nos clients. Il y a de
l'insécurité dans tout pays du monde, la question n'est pas de savoir si l'on peut s'y rendre, mais ce qu'on peut y faire et où l'on peut se risquer.
V&G : que pensez-vous du potentiel de la région dite "des champs de bataille" ?
G.M. : les programmes des réceptifs sont bien rodés, et les sites ont été aménagés de manière pratique et agréable. Ces circuits ne sont pas pour tout le monde - la majorité des touristes recherchant plages ou animaux - mais ils sont un bon complément d'une thématique culture ou Mandela.
V&G : vous vivez à Durban. Quelles sont les attractions qui pourraient être mises en avant ?
G.M. : il y a tant d'endroits inconnus ici ! Des plages comme Ballito, les parcs, le farmers market de Shongweni... J'aimerais faire découvrir tout ça à vos groupes. Durban n'est pas très fré- quentée, et c'est ce qui fait sa beauté : un endroit formidable et authentique qu'on peut
goûter, sans ces milliers de gens qui veulent tous voir la même chose.
 38 - VOYAGES & GROUPE 17 - SEPTEMBRE 2018
 Hors de France












































































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