Page 33 - MOBILITES MAGAZINE N°3
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                  Opérateurs & réseaux
colaire dans le  ou
de « patrons » au 1er septembre et l’on ne sait pas où on va. Nous le sentons déjà. Nos interlocuteurs sont moins proches au quotidien », explique-t-il.
Une durée des contrats
à défendre
Plus généralement, l’incertitude plane sur la gouvernance du trans- port public. « A quelle sauce seront nous mangés ? ». Les discours res- tent globaux : rassurants sur les moyens promis au transport mais constants sur l’efficacité demandée aux opérateurs. En Pays de la Loire, un élu régional est désigné pour chaque département comme cor- respondant pour les questions de transport. La FNTV multiplie donc les rencontres avec eux. Avec au menu, un plat principal : la durée des contrats. Ils ont été négociés sur quatre à neuf ans selon les dé- partements. La Région veut har- moniser. « En Vendée, avec neuf ans, nous faisons figure de privi- légiés et nous le sommes. Cela apporte un confort. Mais, même à cause de jurisprudences récentes, interdisant de conclure des marchés publics de transport supérieurs à quatre ans, nous risquons d’avoir du mal à le préserver ».
Cars Macron sur l’interurbain départemental
Stéphane Soulard s’apprête à plaider la modération, avec, pense-t-il un argument de poids : l’abandon du diesel tel qu’il vient d’être pro- grammé par le décret « véhicules propres ». « Nous avons tous comme perspective de remplacer
fortement nos parcs. Comme pour les ceintures de sécurité, il y a dix ans. Or 2020, c’est demain. Ma crainte, c’est que nos élus nous y poussent avant que nous y soyons prêts. Ce serait très risqué, pour le prix du transport, sans durée de contrat suffisante. Six ou sept ans, ce serait le plus raisonnable », insiste-t-il. En Vendée, une part de la solution résidera dans le gaz. Le département s’est donné un plan Energie volontariste. Un premier site de production et sa station de biométhane a été inaugurée à l’Est. Un autre, dix fois plus gros, se pré- pare au Nord. « Tout dépendra du réseau de stations. S’il faut faire même 20 ou 30 km pour s’appro- visionner, nous ne pourrons pas », insiste Stéphane Soulard. Il pense notamment à son petit réseau ur- bain de bord de mer l’été. La solu- tion, pour lui, réside dans un dia- logue serré avec les élus. En tant que président départemental de la FNTV, il craint aussi la perte, pour les transporteurs locaux, de lignes interurbaines. « Notre Région n’a pas contesté devant l’Autorité de régulation des activités ferro- viaires et routières (Arafer), la prolongation par Flixbus de sa ligne se prolongeant de Paris à Cholet jusqu’aux Sables d’Olonne », souligne Stéphane Soulard.
Manque de responsables d’exploitation
Son second grand souci de chef d’entreprise concerne la profession : le manque de responsables d’ex- ploitation. Il en cherche un depuis quatre ans. « Je n’ai toujours pas
« TOUT DÉPENDRA DU RÉSEAU DE STATIONS. S’IL FAUT FAIRE MÊME 20 OU 30 KM POUR S’APPRO- VISIONNER, NOUS NE POURRONS PAS»
la solution. Ni personnellement, ni collectivement puisque c’est une difficulté que je partage avec beau- coup de transporteurs ». Non seu- lement le poste effraie, par les compétences qu’il demande, de technicien et de manageur, et par la disponibilité qu’il exige et les responsabilités à assumer. « Trop difficile ! Nous n’arrivons plus à y faire monter des conducteurs », constate Stéphane Soulard. Un conducteur, récemment embauché, bac et BTS transport en poche, une année spécialisation en tou- risme, préfère continuer de rouler. Même les formations en alternance ne semblent pas en mesure de répondre aux besoins. Une question d’âge. « A ces postes, pour être efficace, il faut rester deux, trois, cinq ans dans l’idéal. Un jeune ne reste pas s’il n’est pas du cru », in- dique Stéphane Soulard. Dans ces conditions, le départ en formation continue, récemment de 55 direc- teurs d’exploitation, sous l’égide du groupement Réunir, fait office pour lui d’une « moitié de solution ». Dix jours pour revoir les régle- mentations, les certifications et les questions de gestion des res- sources humaines. Pris pendant l’hiver, à coup de sessions de deux jours. « Au moins nous renforçons les directeurs en place », constate Stéphane Soulard. Pour lui, la pro- fession doit prendre le temps de poser l’ensemble du problème à plat et de réfléchir à de vraies so- lutions. Pour changer le quotidien de beaucoup de transporteurs comme lui. z
TEXTE ET PHOTOS HUBERT HEULOT
MOBILITÉS MAGAZINE 03 - AVRIL 2017 - 33
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