Page 30 - Voyages & groupe n°26
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   Eunice Poje,
conseillère tourisme à la carte chez Transgallia
“ D’une certaine manière, le Centre est plus riche que Lisbonne, trop globalisée. “
Voyages & groupe : vous êtes née à Lisbonne, de parents portugais, mais vous êtes fan du Centre...
Eunice Poje : tant de choses à dire sur ce produit, très bon, très culturel. Il est axé sur le port d'aveiro, où on peut naviguer sur les moliceiros qui transportaient autrefois le sel, et Coïmbre, la plus ancienne université du portugal : atmosphère particulière que ces jeunes avec leurs capes noires ! Il y a encore la blanche obidos, classée unesco, alcobaça et son monastère où bien des souverains sont enterrés, le gothique flamboyant de Batalha, dont le roi de l'époque a interrompu la construction au profit de celle du fameux couvent des Hiéronymites, à Belém. et les paysages ! encaissés, montueux, avec de belles forêts comme Buçaco, qui ont gardé les essences rares plantées il y a longtemps.
V&G : le Centre souffre-t-il de la concurrence de Lisbonne ?
E.P. : non. paris n'est pas la France et Lisbonne n'est pas le portugal. Il suffit de vendre le Centre pour ce qu'il est : une région très riche que je redécouvre à chaque fois, bien que j'aille là-bas plusieurs fois par an. La concurrence pourrait être l'alentejo, plus rural et moins humain à cause de la désertification. Dans le Centre, on découvre le portugal tel qu'il est. D'une certaine manière, c'est plus riche que Lisbonne, trop gagnée par la modernité.
V&G : les groupes accrochent ?
E.P. : dans le village champenois où Transgallia est établi, nous faisons deux voyages chaque année : ils font chaque fois le plein. Le Centre est bien pour les individuels, mais il faut savoir où l'on va, et être accompagné avec un bon itinéraire permet de ne rien manquer. Le groupe est d'abord un peu désorienté : soupe à tous les repas, nourriture mal présentée, car servie comme à la maison... Mais il s'habitue vite, et quand il n'y a pas de soupe, il en réclame !
V&G : des défauts, quand même ?
E.P. : oui. Je regrette que l'etat ait mis l'accent sur les autoroutes, excellentes, mais qui longent des forêts monotones, quand les petites routes qui traversent des villages magnifiques sont peu pratiques pour les autocars. Je regrette aussi le déclin du français, première langue auparavant, supplantée par l'anglais auprès des jeunes, qui le trouvent plus facile.
V&G : faut-il prévoir un peu de balnéaire ?
E.P. : C'est l'atlantique : c'est froid. Moi qui suis née là-bas, je ne me baigne pas. pourtant, les groupes veulent voir la mer et je conseille une journée à la plage, à Figueira da Foz ou à Nazaré, village célèbre pour ses barques et à présent pour le surf : juste le plaisir d'être sur la plage, à regarder la mer, les sardines qui sèchent, le vent qui soulève les sept jupons dont les femmes se vêtent toujours.
Les ruines romaines de Conimbriga.
Laria-la lagune d'Aveiro - et ses pêcheurs, toujours actifs.
La capitale d’une péninsule qui se libère
Coïmbre et la région Centre sont l'alternative idéale à un circuit en étoile depuis Lisbonne ou Porto, deux at- tractions indiscutables qui ne sont pas forcément à ex- clure du produit, d'autant qu'on peut entrer par l'une et sortir par l'autre, et vice versa.
Le vaste site archéologique de Conimbriga est l'homo-
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