Page 27 - Voyages&groupe n°19
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                débats
« Nos outils apportent aux ven- deurs un plus dans la construction du produit touristique, dans les différentes phases de son éla- boration et enfin dans la défini- tion du prix », complète Alexandre Contoux. Car l’élaboration d’un programme touristique reste com- plexe. « En gros, nous comptons en moyenne une dizaine de pres- tations différentes par dossier », révèle Erwan Corre. Une com- plexité grandissante pour laquelle le web apporte une aide pré- cieuse et un gain de temps, d’au- tant que le client souhaite de plus en plus des propositions
personnalisées : « il veut même devenir le co-créateur de son voyage », ajoute encore Alexandre Contoux. « La digitalisation des procédés doit donc permettre à l’agent de voyages d’améliorer la relation client. C’est pour cela que l’application Amadeus per- met de l’accompagner, y compris pendant son voyage. Nous de- vons aussi livrer des propositions plus pertinentes, en termes de prix par exemple, et plus person- nalisée, plutôt que se substituer au vendeur », conclut Eventia Guimba. z
JEAN-FRANÇOIS BELANGER
lyne Dreyfus estime « qu’il faut réfléchir à une meilleure régula- tion », et surtout « arrêter cet es- pèce de course aux chiffres des destinations touristiques », qui lui semble « extrêmement dan- gereuse ». D’autant que « crois- sance et environnement ne peu- vent pas fonctionner ensemble », glisse François Siegel. Mais, il ne faut pas oublier que « le tou- risme distribue de la richesse et de l’emploi à l’ensemble de la population », souligne Jean-Fran- çois Martins. Impossible, donc, de se passer de cette économie. « Il y a une éducation à faire en matière de régulation, qui peut passer dès la définition des contrats établis avec les TO étran- gers, suggère Jean-Pierre Nadir. Une autre solution serait d’ouvrir, par exemple, des lieux touris- tiques à des horaires différents, constituer de plus petits groupes de touristes... et interdire les sel- fies devant le tableau de la Jo- conde ! ». Une éducation à faire aussi auprès des clients, ajoute Evelyne Dreyfus. « Mettre égale- ment en avant des zones touris- tiques moins fréquentées, mais dont l’image n’a pas une notoriété aussi forte que d’autres », pour- suit Jean-François Martins. Revoir la conception des packages, et arriver à mieux répartir les flux de touristes sur les territoires. Jouer la diversification. Améliorer l’expérience du touriste. « Il ne faut pas oublier que les habitants sont la première richesse d’une ville, et que le tourisme, certes essentiel, passe au second plan », selon Jean-François Martins. Mais, pas question de faire des choix, habitants et touristes doivent pouvoir cohabiter. Chacun en a pris conscience. C’est déjà çà. z
CATHERINE MAUTALENT
Quelles solutions face à la tourismophobie ?
Dans certaines villes et lieux touristiques, le flot des touristes devient insupportable pour les résidents, et les pouvoirs publics sont dépassés. Avec Evelyne Dreyfus, présidente de l’AJT, Jean-Pierre Pinheiro, directeur de l’OT du Portugal, Jean-François Martins, adjoint à la mairie de Paris chargé du tourisme, Jean-Pierre Nadir, Pdg d’easyvoyage.com et François Siegel, directeur de We Demain.
Evénement
  Il y a de l’hostilité dans l’air ! Les villes (les lieux touristiques aussi) sont surchargées, et les habitants marquent de plus en plus leur colère face à ces flux de visiteurs. En 1995, par exem- ple, 520 millions de touristes in- ternationaux étaient comptabi- lisés, en 2030, ils seront - selon l’Organisation mondiale du tou- risme - 1,8 milliard ! Comment réguler ce surtourisme ? Pour Jean-François Martins, « ce phé- nomène global doit être encadré, accompagné afin d’arriver à un équilibre ». Jean-Pierre Nadir, lui, constate : « c’est un problème de démographie mondiale, il y aura toujours des primo-visiteurs qui voudront voir tous la même chose, il y a des lieux incontour- nables. Personne n’ira au Pérou sans voir le Machu Picchu ! On ne peut pas empêcher les gens
d’aller voir ce qu’ils veulent... voir ! ». Et d’ajouter : « on est face à un phénomène mondial difficile à réguler ». Ce problème de concentration des flux est, selon Jean-Pierre Pinheiro, « pour une grande part, de la respon- sabilité des autorités », et prône « l’incitatif en faisant passer les bons messages, plutôt que le restrictif ». Un avis que ne partage pas François Siegel, évoquant «la nécessité de prendre des me- sures concrètes », tandis qu’Eve-
VOYAGES & GROUPE 19 - Novembre 2018 - 27
© C; mautalent






















































































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