Page 48 - MOBILITES MAGAZINE N°20
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                 Opérateurs & réseaux
     service. Nous leur avons également confié des missions d’information, de prévention, d’accompagnement des conducteurs et de sécurisation du réseau, notamment sur les lignes sensibles ou de nuit.
: on entend souvent dire que la gratuité
est synonyme de hausse des incivilités. Avez-vous constaté ces phénomènes lorsque vous l’avez testée en 2015?
PV : lors de cette expérimentation menée pendant les week-ends, la fréquentation a augmenté de 30% le samedi et de 80% le dimanche. Les incivilités ont pour leur part régressé de 60%. Par conséquent, je peux affirmer que la gratuité n’entraîne pas une hausse des in- civilités. C’est ce qui a aussi été constaté à Tallin, à Aubagne.
MM : comment expliquez- vous cela ?
PV : d’une part, car il n’y a plus d’argent dans les bus. Or, à Dun- kerque, les principaux actes de délinquance étaient liés au bra- quage des conducteurs. D’autre part, car la gratuité créée de la mixité sociale. Les bus sont moins vides, y compris dans les créneaux
horaires où il y avait une faible af- fluence. Comme il y a plus de monde, il y a plus de paires d’yeux. Il s’exerce désormais un contrôle social. De plus, les anciens contrô- leurs ont un rôle de prévention des incivilités et de la délinquance. Les poncifs du type « ce qui est gratuit n’a pas de valeur » est to- talement stupide.
: c’est pourtant l’un des arguments avancés par
l’Union des transports publics (UTP) et la Fédération des usagers (FNAUT), farouchement opposés à la gratuité. Que leur répondez- vous ?
PV : ce sont des préjugés idiots qui datent des années 60 et 70. Les arguments de la FNAUT et de l’UTP sont débiles. Ils sont avancés par une vieille génération d’experts urbains. en tant qu’ancien directeur d’agence d’urbanisme, je connais par cœur ce milieu-là. La FNAUT ne s’est pas déplacée à Dunkerque pour comprendre notre démarche. Or, sur leur site internet, ils racontent des âneries. Ces experts-là ont in- venté la tarification sociale et pen- sent que c’est l’alpha et l’oméga des politiques publiques. en France, il n’y a jamais eu de recherche sur
DANS CERTAINES AGGLOS, LE COÛT DE LA GRAUITÉ SERA TRÈS ÉLEVÉ.
la gratuité des transports publics. Dunkerque est la première agglo- mération à s’être adossée à un la- boratoire de recherche dirigé par Maxime Huré de l’université de Perpignan. Les chiffres sur la fré- quentation et les incivilités consta- tées en 2015 ont été produits par ce laboratoire. Ces chercheurs vont continuer à nous suivre.
: les opposants à la gratuité arguent que la
gratuité prive les collectivités de capacité d’investissement
PV : la FNAUT dit en permanence que les villes vont se priver des recettes pour investir à terme. C’est totalement stupide. Une col- lectivité gère les investissements indépendamment du fonctionne- ment. A Dunkerque notre capacité d’investissement dans les trans- portsestde70à80M€.Les membres de la FNAUT ne connais- sent rien à la gestion d’une col- lectivité. Son actuel président est l’ancien secrétaire général de l’Union des transports publics. Faut- il rappeler que l’UTP est un lobby économique ? Pourquoi les trans- porteurs ne veulent pas de la gra- tuité ? Parce que cette mesure ré- duit leur part d’intéressement.
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