Page 46 - MOBILITES MAGAZINE N°20

Opérateurs & réseaux
INTERVIEW/ Patrick Vergriete président de la Communauté urbaine de Dunkerque t
Le réseau urbain DK’bus de Dunkerque est en libre-accès depuis le 1er septembre 2018. Une décision visant à réduire l’usage de la voiture et lutter contre l’exclusion sociale. Retour sur cette mesure avec Patrick Vergriete, président de la Communauté urbaine, qui tacle les opposants à
la gratuité des transports publics.
Dunkerque : ” la gratuité va de révolutionner les transpo
: dans quel contexte la communauté
urbaine de Dunkerque a-t-elle décidé d’instaurer la gratuité des transports publics ?
Patrick Vergriete : A Dunkerque, nous avions oublié qu’il y avait des bus. A part les personnes cap- tives, les autres habitants prenaient la voiture et j’en faisais partie. On ne se posait pas la question de savoir si on allait se déplacer à pied, à vélo ou en bus. On se de- mandait où on allait se garer. Il fallait donc provoquer un choc psychologique avec une double stratégie : la gratuité pour faire monter les gens dans le bus et la qualité pour les fidéliser. Depuis le 1er septembre 2018, nous avons augmenté le parc de 40 bus et modifié les lignes pour placer 80% de la population de la partie cen- trale de l’agglo à moins de 300 mètres. Les fréquences ont été augmentées. Parallèlement, nous
RENDRE LE TRANSPORT PUBLIC GRATUIT A UN IMPACT DIRECT POUR LUTTER CONTRE L’EXCLUSION SOCIALE ET L’ISOLEMENT DES PERSONNES ÂGÉES.
avons installé le wifi dans les bus et développé l’info en temps réel.
: quels étaient les chiffres-clef du réseau avant l’instauration de la gratuité ?
PV : DK’bus réalisait en moyenne 37 000 voyages par jour en se- maine. Soit une part de marché de 4,7% en constante baisse. A contrario, celle de la voiture (66%) a progressé de quatre points entre 2003 et 2015. Les recettes commerciales du réseau urbain s’élevaient à 4,5 M€ pour un coût de fonctionnement de 45 M€. Ce budget était alimenté pour en- viron un tiers par le budget général de la collectivité (soit environ
de fréquentation des transports publics et réduire la place de la voiture, sans pour autant l’interdire. Deux tiers des déplacements s’ef- fectuent avec ce mode, c’est trop. Trop sur le plan de la pollution de l’air et sonore. Trop au niveau du foncier. Aujourd’hui, 25% de la sur- face du centre-ville de Dunkerque est dédié au stationnement. La voiture est une nuisance pour amé- liorer l’attractivité du centre-ville qui se porte plutôt bien avec un taux de vacance inférieur à 8%.
: la gratuité des bus a également une visée
sociale
PV : Dunkerque est une ville où le taux de chômage est supérieur à la moyenne nationale avec une population qui vieillit. Nous sommes confrontés à des problématiques d’exclusion sociale, d’isolement des personnes âgées liées à une ab- sence de mobilité. Or, rendre le transport public gratuit a un impact
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14 M€/an) transport.
et par le
versement
: quelles est votre volonté politique en matière
de mobilité ?
PV : avec la gratuité, nous souhai- tons casser la spirale de la baisse
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