Page 24 - Mobilités Magazine Thématique N°8

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nigsdorf établi au nord de Berlin, pour Bombardier. En France, celui de Reischshoffen installé au nord- ouest de Strasbourg, pour Alstom. Des sites industriels assez compa- rables, tant en taille qu’en capacités de production et en nombre d’em- plois, et qui sont tous deux dédiés à l’élaboration et au montage de matériels ferroviaires régionaux. Ces types de matériels - dont la filière de production est aussi à céder commenousleverrons- sontéga- lement tout aussi représentatifs de l’offre des deux groupes sur leurs marchés respectifs allemand et fran- çais. Le Talent pour Bombardier avec ses trois versions existantes et près de 900 exemplaires en service ou en commande. Le Regiolis issu de la tout aussi large gamme Coradia, pour Alstom avec ses déclinaisons françaises baptisées respectivement
(1) RegiolisetRegioliner .
La production de trains régionaux
est une activité majeure pour les
deux entreprises qui sont appelées
à convoler. Et leurs responsables -
tout autant respectifs que successifs
et au plus haut niveau - avaient d’ail-
leurs mis en avant et depuis déjà
plus d’une décennie l’importance du
segment de marché des trains ré-
gionaux tant en France et en Alle-
magne dans les deux marchés na-
tionaux qu’à l’international en gé-
néral. D’ailleurs, le seul site Bom-
bardier français, celui de Crespin près
de Valenciennes, est essentiellement
dédié à cette production régionale
à deux niveaux) représenterait de 15 à 20% d’un marché ferroviaire mondial des matériels roulants. Soit de 10 à 13 Mds€ d’un marché que la dernière édition de l’étude World Rail Market Study (voir introduction) a estimé à 61,9 Mds€ en 2019. Un segment technico-commercial dont l’importance est somme toute com- parable à celui - pourtant plus pres- tigieux et bien plus médiatisé - de la grande vitesse ferroviaire, qui re- présente 19% du chiffre d’affaires du même segment de marché des matériels roulants à l’échelle mon- diale.
Un segment trains régionaux et de banlieue dont les sites de production comme les marchés se trouvent aussi essentiellement concentrés en Europe, avec les deux tiers du chiffre d’affaires mondial de ces matériels réalisés sur le Vieux continent. Comme à l’occasion de la fusion re- fusée par Bruxelles entre Alstom et Siemens, cette condition mise à la mise en œuvre de l’opération Als- tom-Bombardier peut apparaître plus idéologique qu’industrielle. Mais aussi et surtout, elle pose de nom- breuses questions en raison de la complexité de sa mise en œuvre et du choix de la gamme des matériels à mettre en vente.
En effet, la cession des sites de Reichshoffen et d’Hennigsdorf s’ac- compagne parallèlement de la ces- sion de la filière de deux « produits- phares » des deux constructeurs dans le domaine des trains régio- naux, des produits dont la production est réalisée sur les deux sites à céder. Les rames Coradia Polyvalent Alstom - dont le Regiolis est la version fran- çaise - et les rames Talent 3, la der- nière version « verte » d’une gamme très prolifique de Bombardier. Tandis que d’autres dispositions de l’accord concernent les produits à grande vitesse de Bombardier comme le V 300 Zefiro développé avec Hitachi, ainsi que « la fourniture d’un accès à des tiers à certaines interfaces et produits des différentes unités de signalisation embarquée de Bombardier Transport et de sys- tèmes de gestion de contrôle des trains ». Comme dans l’épisode Als- tom-Siemens, on remarque que la Direction de la Concurrence reste très sourcilleuse vis-à-vis du maintien de la « libre concurrence » intra-eu- ropéenne dans le cadre du très dy- namique marché de la signalisation contrôle-commande. Marché qui, à l’échelle mondiale, totalise près de 17 Mds€, et devrait d’ici 2025 pro- gresser annuellement près de deux
avec les rames Regio 2N et leurs (2)
dérivées . Elles entreront donc dans la gamme d’offre régionale d’Als- tom-Bombardier après la fusion. Ce point de vue sur l’importance du segment régional partagé par les deux groupes est fondé sur une réa- lité tangible du marché ferroviaire mondial. Ainsi, le seul segment de marché des matériels régionaux et de banlieue (hors les métros et les matériels de transports urbains mais qui inclut ici les voitures voyageurs
24 - MOBILITÉS MAGAZINE THÉMATIQUE - DÉCEMBRE 2020