Page 25 - Mobilités Magazine Thématique N°8

Industrie Ferroviaire/Fusion Alstom-Bombardier
fois plus rapidement que l’ensemble de l’industrie ferroviaire (4,1% contre 2,3%). Il s’avère que la cession des rames Coradia Polyvalent et Talent 3(4) pourrait dans un avenir proche fortement interroger les régions fran- çaises comme les länder allemands. En France, ces interrogations s’ajou- tent à celles liées au devenir du site de Reichshoffen, qui intéressent plus précisément l’Alsace et le Grand Est. D’autant que le tissu industriel na- tional a déjà été dans un passé ré- cent particulièrement mis à mal par des processus de fusion-acquisition qui se jouent des frontières et qui se sont le plus souvent assez peu souciées des retombées locales et sociales des processus qu’elles ont engagés.
À Reichshoffen (780 emplois), la cession n’englobe pas l’ensemble des activités du site. Puisque si la plate-forme Coradia polyvalent est cédée, « les activités du Centre d’ex- cellence chaudron, une partie des experts (ceux de la signalisation no- tamment, ndlr.) qui travaillent sur d’autres projets que Coradia Poly- valent, ne sont pas concernées », explique-t-on chez Alstom.
Autre activité, destinée à devenir stratégique, les développements de la traction à hydrogène qui, dans le cadre de la fusion, pourraient éga- lement poser question. « Une ex- pertise qui reste chez Alstom », ras- sure-t-on au siège du groupe à Saint-Ouen. En effet, « les oppor- tunités dans le domaine de la trac- tion verte qui se poursuivent au- jourd’hui en France pour l’hybrida- tion ou l’hydrogène, qu’elles soient sous contrat ou au stade l’offre, se- ront gérées et dirigées par Alstom. (R&D Alstom et propriété industrielle spécifique). Cette disposition inclut « pour Coradia Polyvalent, les projets de « verdissement » actuellement en cours et qui devront être réalisés « en partenariat entre Alstom et le futur acheteur ». Des projets pour lesquels Alstom est à la fois concep-
Les sites industriels d’Alstom en Europe
Les principales implantations de sites de matériel
roulant et sites de composants en Europe
teur et fournisseur d’un système de traction à hydrogène qui a été éla- boré et produit sur le site de Tarbes, y compris pour les I-Lint allemands, les rames pionnières du système. Dans ces conditions, « si le projet de version hydrogène du Coradia Polyvalent dit H2 se concrétise, les développements liés à l’hybridation et à l’hydrogène (des rames) conti- nueront entre le futur acheteur et le site de Reichshoffen en partena- riat avec Alstom », ajoute-t-on chez Alstom. En précisant que les autres composants nécessaires aux rames (de la gamme Coradia polyvalent) aujourd’hui en service continueront à être livrés dans les mêmes condi- tions par Alstom aux acheteurs... Concrètement, rien ne changerait donc pour les régions utilisatrices des Regiolis et de leurs dérivés. Tan- dis que, sur le site alsacien, les pro- jets existants continueront sur leur lancée. C’est notamment le cas de la commande récemment passée avec quatre régions pour la prépa- ration d’une « présérie » de 14 rames Regiolis à traction hydrogène, et dont l’assemblage est prévu sur la chaîne ad-hoc en cours de dé- veloppement à Reichshoffen. Ulté- rieurement, les trains (à hydrogène)
devraient être réalisés par un consortium, toujours avec les mo- torisations à hydrogène dévelop- pées par Alstom, « mais avec l’as- semblage effectué sous une nou- velle entité, celle du repreneur, à Reichshoffen », précise-t-on aussi chez Alstom.
À Hennigsdorf (1800 emplois), les conditions de la cession ne sont pas plus simples qu’à Reichshoffen, puisqu’elles devraient amener à par- tager géographiquement le site en- tre les secteurs de construction des rames classiques Talent et ceux du Talent 3. En outre, si l’essentiel des retombées socio-économiques de la transaction concerne l’Allemagne et le Land de Brandebourg, on peut également se poser la question de ses retombées dans d’autres pays clients de la même gamme.
En France, on pense principalement
aux développements spécifiques de
la technologie batteries de Bombar-
dier, qui avait été annoncée à l’oc- casion d’Innotrans 2018 à Berlin, et
qui avaient été précisées ensuite
lors du Congrès 2019 de Régions de France à Bordeaux dans le cadre de
la présentation des perspectives
d’un vaste programme de « verdis- sement » de la traction. u
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