Page 15 - MOBILITES MAGAZINE n°46

Politique & institutions
évolué vers la défense des droits des piétons. « Et il y a encore du boulot ! », s’enflamme Jean-Paul Lechevalier. Tous les jours il reçoit des messages : ici une personne qui s’est fait frôler par un vélo ; là une vieille dame percutée par une trottinette ! “60 millions de piétons”, écrit aux préfets, à la Police, aux maires, alerte, se démène.
Ce militantisme piéton est toutefois resté limité jusqu’ici. « Tout le monde est piéton. Pas de quoi en faire une cause particulière d’autant que les communes et leurs tech- niciens n’ont jamais abandonné le piéton, depuis les passages clou- tés, les rues piétonnes, jusqu’aux zones de rencontre. Les lois n’ont cessé de lui donner de nouveaux droits. Pas respectés à la hauteur de ce qu’il aurait fallu sans doute, à cause des autres forces en pré- sence dont celle de la voiture. Mais c’est pour cela que la prise de pouvoir du piéton, ce que les Américains baptisent “the pedes- trian empowerment” a pris du temps », analyse Benoît Hiron, longtemps en charge de cette question au Cerema.
Avec le nouveau collectif, “60 mil- lions de Piétons” change d’ap- proche. Elle s’engage dans la pro- motion de la marche. Pour le confort et la facilité de se déplacer à pieds. Ce qui résonne avec la densité des villes d’aujourd’hui et la multiplication des véhicules au- tres que la voiture. Gérard Foucault, le président s’exprime beaucoup, dans les médias, contre les voitures et les scooters garées sur les trot- toirs.
La révolution
des randonneurs
Forte de ses 2 000 adhérents, “60 millions de piétons” s’est trouvée une alliée d’un poids bien plus considérable avec la Fédération
Le collectif Place aux Piétons va donner une visibilité aux problèmes des piétons.
Gérard Foucault,
président de « 60 millions de piétons
française de randonnée pédestre. Une vieille dame de 70 ans, qui compte 240 000 licenciés. Présente dans tous les départements de France, ce qui va crédibiliser le futur baromètre. La Fédération de la randonnée pédestre a sollicité 150 villes grandes et moyennes pour qu’elles incitent à remplir le questionnaire. « Etablir un palma- rès, ce n’est pas tellement l’im- portant. Pour nous, c’est donner à voir les conditions de pratique de la marche. Et partager les infor- mations. Nous sommes allés ex- pliquer aux collectivités qu’elles avaient intérêt à ce que les re- montées d’information établissent une photographie exacte de la réalité », explique Thierry Lesellier, directeur de la communication de la fédération. Car les 50 000 ré- ponses à un questionnaire qui né- cessite bien une heure d’attention montre que la revendication pié- tonne trouve un écho.
A travers le collectif Place aux Pié- tons, la Fédération entérine elle- aussi sa propre évolution. « Notre histoire, c’est la randonnée à la campagne, les chemins de grande randonnée (GR), nos topoguides, nos itinéraires sur les littoraux, en montagne. Depuis quatre ou cinq ans, cela prend de l’ampleur, il y a une demande pour la ville et les zones périurbaines. Si nous n’avions pas pris cela en compte, nous se-
rions passés à côté d’une vraie révolution des pratiques des ran- donneurs. Y compris en marche utilitaire. Le mouvement s’accélère pour nous avec Place aux Pié- tons ! », explique Thierry Lesellier.
Pas nés de la dernière pluie
Le troisième allié du collectif ap- porte ses contacts et son poids “politique”. C’est l’association “Rue de l’avenir”. A peine une trentaine d’adhérents individuels mais une trentaine d’associations locales et une quinzaine de villes membres. A la fois “think tank” et outil d’édu- cation populaire, elle est en relation habituelle avec l’ADEME et le Cerema : « La qualité de l’espace public est notre fil rouge, explique Anne Faure, sa présidente. Notre inspiration un peu ancienne, utopique et d’origine néerlandaise, est le partage harmonieux de l’espace public entre tous. Depuis 30 ans, nous militons pour la ré- duction de la vitesse, la diminution du nombre de voitures dans les rues, l’attention aux enfants et aux usagers vulnérables.» Ses deux thèmes du moment sont la rue aux enfants et le développe- ment de la marche.
Les trois associations ont la même vision de la ville et se connaissent bien. Elles ont bien collaboré à la préparation des dernières Munici- pales. Elles ont interrogé les can- u
MOBILITÉS MAGAZINE 46 - MARS 2021 - 15
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