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178 163 L ’effondrement du mur de Berlin 1 sur son lit de mort) (Un ancien dirigeant du Parti communiste « J’ai l’impression que l’Expérience a échoué » « Les Berlinois de l’Est se frayèrent un chemin à travers le no La rumeur était devenue réalité. Le 9 novembre 1989, le mur de « Des embouteillages ! exulta le chauffeu
LA MAIN CACHEE le message de vieux Juifs avec qui ils ne pouvaient s’identifier. Ils condamné, il se tint devant le tribunal et prononça le Chema Israël.
espéraient que l’héritage spirituel juif serait définitivement perdu avec la
Sharansky fut finalement libéré en 1981, et il s’installa en Erets Israël
disparition de l’ancienne génération. Cependant, Rav Miller les berna.
où il occupa un poste dans le gouvernement.
Il enseignait en Russe lorsqu’il savait que le KGB n’était pas là.
Les États-Unis aidèrent beaucoup les Juifs souhaitant quitter l’Union
L’un de ses étudiants, nommé Eliahou Essas, continua à enseigner
soviétique dans les années 60 et 70. Les Juifs américains mirent tout en
secrètement la Torah à des milliers de Juifs, répartis en petits groupes.
Si quelqu’un voulait étudier dans la classe d’Eliahou Essas, il y avait une
sur le gouvernement russe pour que les Juifs puissent partir. Plus d’un
condition. Il s’engageait à enseigner à d’autres Juifs ce qu’il avait appris œuvre pour soulager la détresse des Juifs soviétiques, et firent pression
million de Juifs finirent par quitter la Russie, grâce à ces efforts et à la
en cours. Les médias israéliens et juifs étaient parfaitement au courant Main de Hachem.
des activités d’Eliahou Essas, mais ils ne publièrent jamais son nom ni
aucun article évoquant ses cours de Torah, afin de lui éviter Après la chute de l’Union soviétique, les Juifs habitant toujours là-bas
l’emprisonnement. voulurent quitter le territoire, en raison de l’antisémitisme grandissant
parmi la population russe. Mais la plupart étaient trop pauvres pour
Toute cette étude clandestine produisit lentement et sûrement une partir. Cependant, une aide providentielle se présenta sous la forme de
révolution spirituelle en Union soviétique. De plus en plus de gens l’opération « rideaux ouverts », une campagne lancée par les Juifs
goûtèrent à la douceur de la Torah et se trouvèrent fiers de leur identité américains pour levers des fonds destinés à aider les Juifs soviétiques à
juive. Ils commencèrent à réaliser que la vie ne se résumait pas aux s’installer en Amérique.
valeurs que la société soviétique leur avait inculquées de force. Ils
comprirent que l’État pouvait leur prendre leur liberté, mais pas leur De nombreux Juifs issus de l’ancienne Union soviétique vinrent ainsi
néchama (âme). L’étude de la Torah joua un rôle central dans le regain s’installer à Brooklyn, à New York. Ces Juifs se comptent aujourd’hui
de cette force spirituelle. par centaines de milliers.
À ce moment-là se constitua un groupe de personnes appelées « les
refuzniks ». Ces gens demandaient au gouvernement des visas de sortie
pour quitter le territoire, et se heurtaient généralement à un refus. Il
fallait beaucoup de courage et de conviction pour demander un visa de
sortie. Ceux qui le faisaient risquaient de perdre leur travail en
attendant l’obtention de ce document, si jamais ils l’obtenaient. Ils
étaient parfois jetés en prison pour avoir osé demander à quitter
l’Union soviétique. Un Juif emprisonné pour cette raison devenait « un L ’effondrement du mur de Berlin
prisonnier de Sion ».
Eliahou Essas fut un refuznik célèbre. Anatoly Sharansky en fut un
autre. Il voulut sortir d’Union soviétique en 1970, et plutôt que
d’attendre un visa de sortie, il décida de détourner un avion et de le faire
atterrir dans l’Ouest. Son plan échoua et il fut arrêté. Lorsqu’il fut
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