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50  35 Le miracle de Dunkerque         1                  LA GUERRE ÉCLAIR (Blitzkrieg)  Au milieu de toute cette guerre mobile moderne, cette Ligne   En revanche, les Allemands avaient mis en place une stratégie   Malheureusement, ce sentiment de confiance était injustifié.   Français un sentiment trompeur de sécurité. Bercés p





                 Cependant, même munis de leur système radar, les Anglais
          LA  MAIN  CACHEE  eurent du mal à faire face à l’agression allemande. Des vagues          envoyèrent dès le lendemain soir une escadrille de bombardiers sur
                                                                                                    Berlin.
              incessantes de bombardiers et d’avions de combat nazis, ayant
                                                                                                      Cette nuit-là, seule la moitié des quatre-vingt-un bombardiers
              généralement  une  épaisseur  de  trois  niveaux,  pilonnèrent  sans
                                                                                                    de la RAF atteignirent leur cible, et aucun Berlinois ne fut tué.
              relâche des convois dans la Manche, bombardèrent les aérodromes
                                                                                                    Cependant, ce raid eut un effet psychologique dévastateur sur les
              et les principales stations radars au sol, dans le but de porter un
                                                                                                    Allemands. En effet, Goering avait solennellement promis à son
              coup fatal à la RAF. Les pilotes anglais résistèrent courageusement,
                                                                                                                                                          3
              mais dès la mi-août, la Luftwaffe intensifia ses attaques en
                                                                                                    voilà que l’inconcevable s’était produit. La capitale allemande avait
              bombardant les cibles les plus stratégiques d’Angleterre. Assez                       peuple qu’au grand jamais Berlin ne serait la proie des bombes.  Or
                                                                                                    bel et bien été attaquée.
              rapidement, la RAF fut à bout de souffle et les pilotes
              commencèrent à manquer.  Les Anglais formèrent alors au combat                          Bien que furieux, Hitler ne riposta pas immédiatement. Mais
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              leurs jeunes âgés de 18 ans, et les envoyaient sur le front au bout                   lorsque les bombardiers de la RAF eurent frappé Berlin à quatre
                                                                                                                          4
              d’une période d’entraînement de dix heures, ce qui était largement                    reprises  supplémentaires,   il  opta  pour  une  nouvelle  stratégie.
              insuffisant.  Bon  nombre  de  ces  jeunes  pilotes  moururent  avant                 Plutôt que de continuer à pilonner des cibles militaires, il allait s’en
              d’avoir appris à se battre. Au fur et à mesure que le mois d’août                     prendre aux civils. Le 4 septembre,  il annonça son plan aux
              avançait, Goering était de plus en plus confiant. Il assura à Hitler                  Allemands : « À chaque fois que la British Air Force lancera deux
              que pour mener à bien l’opération « Lion de Mer », il suffisait de                    ou trois mille kilos de bombes, vociféra le commandant militaire
              quelques jours supplémentaires d’attaques intensives contre la                        nazi avec force gesticulations, nous leur enverrons la nuit
              RAF.                                                                                  même 150, 230, 300 ou 400 000 kilos de bombes […] Et s’ils
                                                                                                    intensifient leurs attaques sur nos villes, nous raserons les leurs ! »
                                                                                                      Ce discours fut accueilli par un tonnerre d’applaudissements.
              ·      Le coup du sort                                                                Mais cette décision lui coûta la Bataille d’Angleterre, et finalement,
                                                                                                    la guerre.
                 C’est alors que juste au moment où la situation semblait la plus                     Le bombardement de l’Angleterre débuta le 7 septembre. La
              désespérée, un « coup du sort » bouleversa le cours de la bataille –                  Luftwaffe déploya plus de mille avions (625 bombardiers et 648
              et de l’Histoire.                                                                     avions de combat) au-dessus de Londres. Ils survolèrent la Tamise
                 Les ordres de la Luftwaffe étaient très clairs : les avions devaient               en lâchant leurs explosifs. Des centaines de personnes furent tuées,
              détruire les bases et les arsenaux militaires de l’Angleterre, mais en                des milliers d’autres blessées et des dizaines de milliers de civils se
              aucun cas bombarder Londres par crainte de représailles sur les                       retrouvèrent sans-abri.  Des quartiers entiers de la capitale anglaise   La bataille d’Angleterre
                                                                                                                       5
              villes allemandes. Or, dans la nuit du 24 août, une escadrille de                     furent la proie des flammes. L’assaut se poursuivit pendant
              bombardiers s’égara. Ignorant qu’ils survolaient Londres, ils                         cinquante-sept terribles nuits consécutives, avec en moyenne deux
              lâchèrent leurs bombes, faisant exploser des habitations et tuant                     cents bombes envoyées par raid. 6
              des civils. En guise de représailles, les Anglais scandalisés                           Malgré la situation, les Anglais gardèrent un sang-froid






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