Page 10 - Thématiques AQMAT - Juin 2017
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cahiER thématiquE
ESCALIERS, bALUSTRES ET CoLoNNES, SyMboLES DE FoRTUNE ?
édition 02 : escaliers, rampes et colonnes
Lorsque l’architecture est devenue une façon d’af rmer sa fortune et de démontrer son hospitalité, ces éléments d’accueil que sont depuis longtemps les galeries ouvertes ou fermées, les coursives, les vestibules et les portiques ont pris, grâce à la colonne, plusieurs formes et pro ls.
Comme l’explique Francois Varin, architecte spécialisé en conservation, dans le magazine Continuité, « installées en appentis au bâtiment principal, ces composantes doivent leur stabilité à une structure faite d’un assemblage de pièces où sont appliqués les principes du porte-à-faux, de la triangulation ou du support contreventé, tel que le permet l’ossature de poutres et poteaux. L’ossature de la toiture de ces éléments repose sur les colonnes qui reportent la charge au sol et permettent ainsi de créer des espaces invitants ouverts sur l’extérieur, une transition agréable entre la nature et l’intérieur ».
L’utilisation de la colonne a ainsi contribué au développement stylistique de l’architecture. Elle a stimulé la conception de composantes architecturales qui modulent le carré original du bâtiment, lui apportant une nouvelle volumétrie et un cachet particulier.
Au Québec, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les premières colonnes étaient faites de bois massif de forme
carrée, ronde ou à fût conique. Les connaissances empiriques des bâtisseurs faisaient en sorte qu’ils préféraient les colonnes de fortes dimensions qui, croyaient-ils, supportaient plus adéquatement les charges. L’expérience, le développement des connaissances (notamment sur le comportement des matériaux) et la difficulté d’obtenir d’imposantes pièces de bois massif ont amené les constructeurs à créer des colonnes de bois évidées, rondes ou carrées, constituées de pièces de bois de petites sections. Ces nouvelles colonnes illustraient l’ingéniosité des assemblages : malgré la petite taille des pièces, elles assuraient une grande stabilité à l’ouvrage.
L’escalier
au l des siècles
Vers le milieu du XVIIIe siècle, l'apparition progressive de la cave et le relèvement consé- quent du seuil de l'entrée entraînent la conception d'escaliers d'accès plus éla- borés avec garde-corps, mains courantes et balustres
(ou barotins). « Si l'escalier extérieur joue alors un rôle prépondérant, son homo- logue intérieur n'est pas en reste », explique François Varin. « Autrefois enfermé dans une cage, il prend une position plus centrale dans le bâtiment, devenant une composante plus exprimée de l'aménagement intérieur, et surtout mieux intégrée ».
À l'époque victorienne, l'escalier extérieur acquiert ses lettres de noblesse, servant souvent de décor
pour les photographies et illustrant la richesse et la fierté des propriétaires. Au XXe siècle, l'escalier se fait dentelle de métal. La prouesse atteint son apogée avec la construction d'escaliers tournants faits d'acier ou de fonte, circulaires ou en spirale, qui permettent d'accéder au deuxième étage. Certains quartiers de Montréal et d’autres grandes villes du Québec sont réputés pour ce type d’escalier « en colimaçon » assez répandu.
10 juin 2017 cahier thÉmatiQue aQmat