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Gestion
Épiceries sans employés : une piste à emprunter pour les quincailleries ?
Alors que la pénurie de main-d’œuvre aggravée par la crise sanitaire force certains commerces à la fermeture, l’esprit d’entrepreneurship soutenu par des avancées technologiques entrainent l’ouverture, par exemple, de petites épiceries automatisées qui ne requiert aucun personnel. L’AQMAT se penche sur le concept et réfléchit
avec quelques intervenants sur son potentiel pour le milieu de la quincaillerie.
essika Venne et Daniel Lambert, propriétaires du marché Aisle 24 de la rue Wellington à Verdun, ont découvert les marchés en libre-service de haute technologie alors que la
pandémie faisait rage au Québec.
«C’est en mars 2020 qu’on a trouvé ce concept innovateur, en même temps ni trop avancé ni trop déplacé. Dès que les consignes sanitaires ont été levées, nous sommes allés en Ontario à la rencontre des créateurs/franchiseurs du marché Aisle 24, des propriétaires de dépanneurs depuis des générations », raconte Mme Venne.
Ce tout nouveau type d’épicerie n’est pas ouvert au public. En fait, il est ouvert à tous, mais la porte est verrouillée en tout temps. Un compte avec une application mobile sécurisé par une carte de crédit et une pièce d’identité permet d’y entrer. Une fois dans l’épicerie, le client choisit ses produits et passe à la caisse pour scanner les items avec le code-barres selon un système semblable à ce qui existe dans les épiceries libre-service. Il paie avec une carte de crédit ou de débit, pas d’argent comptant.
Aucun employé n’est requis pour faire fonctionner ces petits commerces dont la superficie varie de 500 à 1 800 pieds carrés. Les propriétaires sont sur place pendant une trentaine de minutes aux deux jours pour nettoyer et remplir les étagères et une heure ou deux par semaine pour recevoir les livraisons.
« C’est un concept qui s’adapte mieux aux petits commerces parce qu’il nous permet de bien gérer l’inventaire et les pertes. De plus, en temps de pandémie, nombreux sont les gens qui souhaitent faire leurs achats sans trop de contacts sociaux. Pour ceux qui ont la nostalgie des dépanneurs de quartier, on tente de bonifier l’expérience client avec la station de café libre-service qui attire, le temps d’une pause, les travailleurs du coin. »
La technologie :
évolution plutôt que révolution
En matière de technologie, tout est basé sur le fait de savoir qui est en magasin en tout temps. Et il est interdit de magasiner en groupe.
«L’application permet de fidéliser la clientèle. Elle permet aussi de dissuader le vol à l’étalage parce que le client est identifié pour pouvoir entrer dans le commerce et il se rend compte rapidement
qu’il est surveillé en tout temps. Mais on ne réinvente pas la roue, explique Jessika Venne. Notre innovation, c’est l’idée de scanner une application pour déverrouiller une porte, c’est tout! Le système de libre-service existait déjà. »
Pour ce qui est du vol, les propriétaires estiment que les pertes dans leur commerce libre-service se situent entre 2 et 4 % alors que la norme en dépanneur et en épicerie serait de 4 à 8 %.
Honnêteté sous surveillance
Le principe de cette épicerie haute-technologie est basé sur la fidélité et l’honnêteté; mais l’honnêteté est sous haute surveillance grâce à un système de caméras qui permet d’avoir des yeux partout.
« Le commerce est équipé d’une multitude de caméras de surveillance, précise Mme Venne. Tous les angles sont couverts afin de pouvoir suivre le consommateur dans le magasin. Chaque transaction est enregistrée avec la caméra reliée au mode de paiement. Le système de caméras crée des vidéoclips qui sont enregistrés sur le nuage. On peut ainsi visionner chaque transaction; l’extrait vidéo nous permet de reculer à partir de l’entrée du client jusqu’au mode de paiement et la sortie. »
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