Page 26 - AQMAT MAGAZINE - Juillet-août 2017
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ACTUALITÉ
BÉTON ET BOIS:
ENNEMIS D’AUTREFOIS, AMIS AUJOURD’HUI
Les structures alliant béton et bois sont de plus en plus prisées dans l’architecture. Pourtant, de tout temps, ces deux matériaux ont presque été des ennemis. Une équipe de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, en Suisse, a développé un béton porteur qui est composé à plus de 50 % de bois.
En raison de la part importante de bois, ces matériaux de construction protègent bien contre les incendies et sont un isolant thermique. Ils sont au moins deux fois plus légers que le béton classique ; certains
flottent même sur l’eau. Le composite offre aussi de nouvelles possibilités en matière de durabilité. De plus, la sciure peut être valorisée en fin de vie dans les usines d’incinération. Les premiers tests de charge montrent que ce béton de bois peut également être utilisé dans les éléments porteurs. Quelques années seront certainement encore nécessaires avant que l’on puisse construire les premiers bâtiments dans lesquels le béton de bois allégé aura une fonction porteuse.
Si le béton armé fait gure de pionnier au 19e, plus tard se sont développés les ponts mixtes, puis le renforcement par maté- riaux composites. Le bois s’est vu aussi
renforcé par des fibres performantes, mais l’idée d’associer du béton à du bois est sans doute venue de travaux de réha- bilitation nécessitant la préservation de structures existantes historiques, qu’il devenait utile, pour des raisons norma- tives, de recouvrir d’une dalle en béton (feu, acoustique, etc.). De là est venue l’idée de connecter ces deux matériaux, puisqu’il devait s’en suivre une nette amélioration des performances méca- niques. De nombreux brevets ont ainsi été déposés sur des inventions de connexions métalliques très variées. La technologie du collage du béton sur le bois est beaucoup plus récente, puisque développée depuis seulement une dizaine d’années.
L’ÉTERNEL BÉTON
DES ROMAINS
MEILLEUR QUE LE CIMENT PORTLAND
Les Romains ont fabriqué leur béton en mélangeant des cendres volcaniques avec de la chaux et de l’eau de mer pour former un mortier. Ensuite, ils ont incorporé des morceaux de roches volcaniques dans ce mortier pour former l’agrégat dans le béton.
Le béton moderne du ciment Portland utilise également de l’agrégat de roche, mais avec une différence importante. Les particules de sable et de gravier sont conçues pour être inertes. Toute réaction avec la pâte de ciment pour- rait former des gels qui augmentent et pourraient craquer le béton.
Pourquoi on ne l’utilise pas de nos jours en sachant que la fabrication du
ciment Portland produit des émissions importantes de dioxyde de carbone ? Selon une géologue de l’université de l’Utah, Marie Jackson, qui étudie les minéraux et les petites structures en béton romain, la recette est complè- tement perdue. Les Romains ont eu la chance pour découvrir la bonne roche. Ces roches sont assez rares dans le monde et donc, il faudrait trouver des alternatives.
26 JUILLET-AOÛT 2017 AQMAT MAGAZINE