Page 74 - Lifestyle byROSIER 2015
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ETUDE DE TABLEAUX / STUDY OF PAINTINGS
La chute d’Icare.1974.
Huile sur toile. MNAM. Paris.
Cette interprétation libre du mythe d’Icare par Chagall est symbolique d’une œuvre où les genres souvent contradictoires s’entremêlent. Comme toujours, Chagall n’hésite pas à mêler le fantastique au réel ou le religieux au profane. Dans une espièglerie certaine, le peintre démontre que les contraires peuvent être compatibles comme une insurrection contre les certitudes. Dans sa chute Icare emporte une humanité confrontée à sa grandeur et ses limites. Au sol, regardant l’événement fantastique, les hommes, minuscules sont les spectateurs impuissants du drame qui s’impose à eux. Chagall est fasciné par le destin tragique d’Icare dont la symbolique reviendra souvent dans son œuvre. Dix ans avant sa disparition, par la chute d’Icare, le peintre transpose son parcours où le retour sur la terre des hommes le confronte à sa propre fin. Loin de s’en apitoyer il semblerait que le peintre attend sereinement l’inéluctable chute, rassuré par les siens qui l’attendent, plus bas, parmi eux. n
The Fall of Icarus. 1974.
Oil on canvas. MNAM. Paris.
This free interpretation of the myth of Icarus by Chagall is symbolic of a work in which the often conflicting genres intermingle. As always, Chagall does not hesitate to mix fantasy with reality or religion with profanity. With a certain mischievousness, the painter shows that opposites can be compatible like a revolt against certainty. As he falls, Icarus sweeps along humanity facing its greatness and its limitations. On the ground, watching this fantastic event, tiny men are the helpless spectators of the drama that is imposed on them. Chagall was fascinated by the tragic fate of Icarus whose symbolism often returns to his work. Ten years before his death, by painting the fall of Icarus, the artist transposes his career where the return to earth confronts him with his own end. Far from feeling sorry for himself, it seems that the painter is calmly waiting for the inevitable fall, reassured by his family who are waiting for him, down there, amongst them. n
Le plafond de l’Opéra – 1964 - Paris [Page 70]
1964. Comme pour le consacrer, le plus illustre des ministres de la culture, André Malraux passe commande à Marc Chagall de la coupole de l’Opéra de Paris. Il entend sublimer l’institution classique par un des peintres les plus modernes. Malraux aime cultiver les paradoxes, essence même de tout art. Chagall devient son bras armé. Flatté, il hésite longtemps avant d’accepter la lourde tâche. Sa passion pour la musique, et en particulier pour l’Art Lyrique de Mozart dans lequel il se reconnaît, emporte son acceptation. Cette œuvre monumentale représente la synthèse de toutes ses années de création. Sur cette immense structure de plus de 240 m2, composée d’une pièce circulaire et de douze panneaux, les plus grands compositeurs sont représentés par un chromatisme riche et pur. Du blanc pour Debussy et Rameau, du rouge pour Ravel et Stravinsky, du vert pour Wagner et Berlioz, ce joyeux petit monde faisant fi des époques et des styles entoure quatre œuvres lyriques symboliques que sont la Traviata, Carmen, Orphée et Euridice, Fidélio. Malraux rend un hommage simple et marquant à cette œuvre : « la réalité dépasse toutes les espérances en introduisant à l’intérieur de l’opéra de la couleur et de la lumière ». La force de cette œuvre réside dans la critique dont elle est encore l’objet aujourd’hui. Comme un enfant malicieux, le peintre serait certainement satisfait de la polémique qu’elle suscite
encore de nos jours. n
The ceiling of the Opera. 1964 - Paris.
1964. As a consecration, the most illustrious of Minister of
Culture, André Malraux gives control to Marc Chagall to create the dome of the Paris Opera. He intends to transcend the classical institution by one of the most modern painters. Malraux likes cultivating paradoxes, the essence of all art. Chagall became his sword arm. Flattered, he hesitated long before accepting the difficult task.
His passion for music, and especially for the Lyric Art of Mozart in which he relates, leads him to accept. This monumental work is a synthesis of all his creative years. On this vast structure of more than 240 m2, consisting of a circular room and twelve panels, the greatest composers are represented by a rich and pure chromaticism. White for Debussy and Rameau, red for Ravel and
Stravinsky, green for Wagner and Berlioz, this happy little world ignoring the ages and styles surround four symbolic operas: Traviata, Carmen, Orpheus and Euridice, Fidelio. Malraux makes a simple and striking tribute to Chagall’s work: “the reality exceeded all expectations by introducing inside the opera, color and light.“ The strength of this work lies in the critique of which it is still the subject today. As a mischievous child, the painter would certainly be amused by the controversy that his master piece still arouses today. n
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