Page 75 - Lifestyle byROSIER 2015
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Marc Chagall montrant une œuvre à Gordes (1941) Marc Chagall devant sa résidence de Gordes (autour de 1941)
Chagall scatters tracks throughout his creations and gives his observers clues that are repeated from one canvas to another and create a final unit. Each of his paintings echoes another, each work refers to another. The theme of childhood is ubiquitous and shows through constantly. A childhood that Chagall cherishes above all in that it evokes a bright future tinged with raw emotions: if only time could suspend its flight and the ingenuity of childhood remain forever.
Ideally, his work should be viewed as a dreamlike novel that would make any subtraction impossible to read, like having an alphabet primer before reading the master. Learning Chagall is like practising scales.
Chagall’s reference is quite simply his own life, especially the first part of his life before an enforced exodus forced him to live in his memories. The interpretation of the present moment will always result from his own experience, his own culture. His multiple artistic innovations are only used for the permanent reinterpretation of his memories. Chagall draws from his roots and offers the world values that are meant to be resolutely universal, this communion with the spectator. This position is unchanging and determines its creation. Just like the simple happiness that he will transform in each of his paintings in response to a pervasive anti-Semitism, but also to ward off personal tragedies (the death of his wife Bella).
If symbols, such as “The Crucifixion”, recall moments of intense pain, hope always wins. Predominant love, acting as a ground swell, remains the strong symbolism of his work. To those who will accuse him of being naive and smugly innocent, his unwavering popular success will be his most beautiful answer.
By successfully combining contradictions, oppositions and especially differences (reason and supernatural, Judaism and Chris- tianity), Chagall talks about everything to everybody and transforms the boundaries; he wants to be a humanist for his own salvation.
A sincere humanism is instinctively understood by the majority whilst his slavic symbolism is foreign to his western land. Reality transformed by analogies and other magical substitutions will give Chagall’s creation a modernity anchored in traditions responding to expectations of his time.
To transcend his work, Chagall will be a “genius who touches everything”, like Picasso, plural in his creations. Theatre, decoration, illustration, murals and stained glass will be his playgrounds. No matter what the means or supports are, like a tightrope-walker defying the emptiness below him, he will transform his disciplines by re-fitting and re-inventing them, constantly open to the world that surrounds him.
Chagall grants himself all the freedoms he needs. While remaining close to the surrealists, he never makes an allegiance to them but does not reject this relationship. He mixes up chromatic
et le merveilleux était toujours empreint d’une mélancolie sous- jacente. L’œuvre rêvée n’étant qu’un prétexte pour évoquer le passé révolu et idéalisé d’une enfance perdue. Cela se traduit par une symbolique omniprésente dans tous ses tableaux.
Chagall sème des pistes tout au long de sa création et donne à ses observateurs des indices qui se répètent d’une toile à l’autre et créent une unité finale. Chacun de ses tableaux fait écho à un autre, chacune de ses œuvres renvoie à une autre. Le thème de l’enfance est ubiquitaire et transparait en permanence. Une enfance que Chagall chérissait par-dessus tout en ce qu’elle évoque un avenir radieux teinté d’émotions brutes : si seulement le temps pouvait suspendre son vol et l’ingénuité de l’enfance demeurer à jamais.
Idéalement, son œuvre devrait être appréhendée dans son ensemble comme un roman onirique dont toute soustraction rendrait la lecture impossible, soit un abécédaire obligé avant toute lecture du Maître. Apprendre Chagall comme on fait « ses gammes ».
Le référent de Chagall reste tout simplement sa propre vie et en particulier la première partie de sa vie, avant un exode forcé qui l’oblige à vivre dans ses souvenirs. L’interprétation de l’instant présent se fera ainsi et toujours par l’instrument de sa propre expérience, de sa propre culture. Ses innovations artistiques multiples ne seront utilisées que pour réinterprétation permanente de ses mémoires. Chagall puise dans ses racines et offre au monde des valeurs qui se veulent résolument universelles, cela en communion avec son spectateur. Cette position est immuable et déterminera sa création. Tout comme le bonheur simple qu’il transfigurera dans chacune de ses toiles en réponse à un antisémitisme omniprésent, mais également pour conjurer des tragédies personnelles (la disparition de sa femme Bella).
Si des symboles, telle « La Crucifixion », rappelle ses moments d’intenses douleurs, l’espoir l’emporte toujours. L’amour prédominant agissant comme une lame de fond reste la symbolique forte de son œuvre. A certains qui l’accuseront d’être ingénu, d’une innocence béate, son succès populaire jamais démenti sera sa plus belle réponse.
En mariant avec succès les contradictions, les oppositions et surtout les différences (raison et surnaturel, judaïsme et christianisme), Chagall parle de tout à tous et transfigure les frontières, il se veut humaniste pour son propre salut. Un humanisme sincère compris instinctivement de la plupart alors que sa symbolique slave est étrangère à sa terre d’accueil occidentale. La réalité transfigurée par des analogies et autres substitutions magiques donneront à la création de Chagall une modernité ancrée dans les traditions répondant aux attentes de son temps.
Pour transcender son œuvre, Chagall sera un « touche à tout de génie », comme Picasso, pluriel dans ses créations. Le théâtre, la décoration, l’illustration, la peinture murale, le vitrail seront de formidables terrains de jeux. Peu importe les moyens, les
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